Arnold d’Alger, fondateur de Bazar d’Alger et Bruno Della Mattia, créateur et designer de sites web
Une lumière naturelle éclatante. Une profusion de plantes vertes du sol au plafond. Des meubles chinés, des livres, des piles de vaisselle blanche ancienne. Une grande table mi-atelier mi-bureau. Des tentures qui cloisonnent l’espace. Une bande son du tonnerre. Des plats faits maison qui attendent d’être dégustés.
Bienvenue dans l’appartement atelier d’Arnold, fondateur du Bazar d’Alger, et de son compagnon, Bruno Della Mattia.
Graphiste pendant de nombreuses années, Arnold s’est formé à la peinture sur porcelaine et a changé de vie professionnelle il y a tout juste un an pour vivre de sa passion d’artiste-artisan. Fan d’upcycling, il chine de la vaisselle ancienne blanche qu’il décore – selon son inspiration ou à la demande – de peinture d’or et platine. Bruno lui a créé dm. une agence de conception et design de sites web.
Tous deux adorent recevoir autour de grandes tablées qui durent de midi à minuit en enchaînant les plats. Pour le reportage In Kitchen With ils n’ont pas dérogé à la règle ( bon ok obligations professionnelles obligent le repas n’a pas duré jusqu’à minuit, mais il aurait pu ). Rencontre savoureuse avec deux passionnés de bonne cuisine et de nouvelles rencontres.
Votre cuisine en 3 mots…
La pièce : pas jolie – sombre – pratique .
Dans l’assiette : simple – avec des bons produits frais – mijotée.
Comment avez-vous pensé l’aménagement et la déco de la cuisine ?
Nous sommes locataires dans cet appartement aménagé dans une ancienne usine, donc pas question de faire de travaux. La cuisine est quand même pratique car fermée alors que tout le reste de l’appartement c’est un plateau type loft. Contrairement au reste de l’appartement elle n’est pas lumineuse car elle donne sur un « puits de jour aveugle » mais on s’en accommode. Notre rêve c’est d’avoir une cuisine dans laquelle on peut s’asseoir pour manger à plusieurs et avoir l’impression d’être dehors. Avec une énorme gazinière avec plein de feux et une grande table.
Qui cuisine et quand ?
Arnold et Bruno : on cuisine tous les deux. On se retrouve beaucoup sur ce point là car on aime manger et cuisiner nous détend, c’est une sorte de méditation comme la peinture. On ne mange pas de plats transformés achetés en supermarché, on fait tout maison. Au « pire » on commande au resto.
Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont vous ne pouvez vous passer ?
Bruno : on n’est pas du tout équipé en terme de machines. Un mixer, un presse-citron dont on se sert tous les matins et c’est tout.
Arnold : Des couteaux, on en utilise dix à chaque préparation de repas ! Des torchons, comme pour les couteaux on en sort plusieurs comme des mouchoirs en papier quand on cuisine.
Que manque-t-il dans votre cuisine ?
Un poivrier. Parce qu’on a acheté plein de poivres différents chez Rœllinger à Cancale. J’en cherche sur Le Bon Coin mais pour l’instant je n’en trouve pas de bonne qualité à un prix correct.
Plutôt menus de la semaine ou free style ?
Arnold : Free style total. Ce matin je ne savais pas ce que j’allais faire, je suis allé au marché et j’ai pris ce qu’il y avait : les asperges étaient mignonnes et c’est rapide à faire, les tomates on commence à entrer dans la saison, avec une mozzarella c’est parfait. Je me suis rappelé que j’avais des pêches qui étaient en train de dépérir donc : réflexe sud ouest, j’ai acheté un magret chez le boucher. Puis des toasts harengs et saumon fumé sur de la cervelle de canut ( recette de faisselle ail et fines herbes ), je ne sais pas ce qui m’a pris de refaire des petits fours comme chez mes parents…
Et passion du moment pour la salicorne que j’ai découvert en baie de Sommes à l’hôtel Les Tourelles où j’ai eu la chance de séjourner le temps d’un mariage. C’est délicieux avec de l’huile d’olive et un filet de citron.
Les idées repas d’Arnold d’Alger et Bruno Della Mattia
- Soupe
- Pot-au-feu
- Choux farcis dans du bouillon de dashi
- Salade de haricots coco à l’huile d’olive avec zeste de citron râpé d’après la recette de Camille Fourmont de La Buvette
- Œuf poché à la crème de sauge ( la crème de sauge c’est très bon et très gras 🙂 d’après la recette d’Ibrik
- Taboulé
- Plateaux de fromage
- Ratatouille
- Caponata
- Salade grecque féta, pastèque, olives noires
- Cacik ( soupe de yaourt turque, équivalent du tzatziki grec )
Notes
Où et quand faites-vous vos courses ?
Arnold : on a un tout petit frigo et on n’est que deux donc on fait les courses au jour le jour et au marché saint Martin le samedi matin parce qu’on reçoit tout le week-end.
Bruno : on aime reproduire les vrais repas familiaux français.
La caponata de Bruno Della Mattia
Ingrédients
4 grosses aubergines
1 fenouil
3 grosses tomates bien mûres ( type cœur de bœuf )
150 gr de câpres
150 gr d’olives noires dénoyautées
2 ou 3 oignons
Des pignons
Sel
Poivre
4 cs d’huile d’olive
2 à 4 cs de vinaigre de vin
1 cs de sucre non raffiné
Instructions
1/ Couper les aubergines en dés. Saler et laisser dégorger pendant une heure.
2/ Faire revenir les aubergines dans 3 cs d’huile d’olive pendant 15-20 mn. Elles doivent être fondantes.
3/ Dans une cocotte faire revenir dans 1cs d’huile d’olive les oignons et le fenouil émincés. Lorsqu’ils sont dorés, ajouter les tomates pelées et coupées en dés. Laisser mijoter 20mn à feu moyen puis incorporer les aubergines, les câpres, les pignons et les olives noires.
4/ Mouiller avec un peu d’eau, le vinaigre. Saler, poivrer et sucrer.
5/ Laisser mijoter à découvert pendant 25-30 mn pour que le vinaigre s’évapore et que la sauce épaississe un peu.
6/ Laisser refroidir à température ambiante puis réserver au frigo.
Notes
Un plat meilleur le lendemain de sa préparation. À déguster avec du pain grillé type bruschetta. Ou en accompagnement d’un poisson ou d’une viande grillée.
Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…
Bruno : rien en particulier mais on ne mange pas de viande ni de poisson la semaine. On en mange uniquement quand on reçoit.
Que trouve-t-on toujours dans votre cuisine ?
Bruno : les créations et les « ratés » du Bazar d’Alger 🙂
Qu’avez-vous le plus cuisiné pendant le confinement ?
Arnold : des galettes bretonnes ; beaucoup, beaucoup trop. On a passé des journées à cuisiner, avec le recul on se demande bien pourquoi. Sans doute pour évacuer le stress. J’ai fait des gâteaux alors que je n’en fais jamais. Ridicule.
Bruno : On a bu aussi beaucoup de vin. Une amie nous a fait découvrir Rock Bottles créé par Oliver Gage, un caviste qui ne livre que du vin naturel à vélo. C’est le sommelier de la table Vivant rue des Petites Écuries et son chef Pierre Touitou qui nous ont converti au vin naturel en prenant le temps de m’expliquer pourquoi il ne faut boire que ce type de vin. Pourtant au début je trouvais que tout ce qu’ils me faisaient goûter avait le goût de cidre basque. Et puis peu à peu notre palais s’est développé et on a trouvé ça meilleur. Repasser à un vin « classique » on y arrive plus du tout, d’autant qu’avec les vins naturels on n’a plus du tout mal à la tête !
Depuis on passe une commande à Rock Bottles tous les mois et on fait découvrir les vins de ces vignerons qui travaillent différemment à tous nos copains.
J’adore recevoir, c’est autour d’une table qu’on apprend le mieux à connaître les autres.
Qui vous a transmis le goût d’aimer manger, de cuisiner et de recevoir ?
Arnold : venant du Pays Basque, aimer manger c’est naturel. Le goût de la table c’est de la curiosité. Un de mes plaisir numéro un c’est aller à la table d’un chef, découvrir ce qu’il propose, imaginer comment il a pu faire ça. Moi je trouve ça dingue ; c’est de l’art.
Ma mère m’a transmis le goût des choses simples, des aliments non transformés, de l’huile d’olive toujours alors que chez Bruno c’est plutôt très beurre ; sa mère cuisine très bien d’ailleurs. Ma mère aime moins cuisiner mais c’est toujours bon, y’en a toujours trois fois trop.
Pour ce qui est d’aimer recevoir, j’ai été à bonne école car ma mère était militaire haut gradé, à l’étranger mes parents recevaient beaucoup. Ce n’est pas eux qui cuisinaient mais c’était une organisation dingue. J’ai grandi dans cette ambiance là. J’adore recevoir, c’est autour d’une table qu’on apprend le mieux à connaître les autres. D’ailleurs j’invite souvent à dîner à la dernière minute des gens que je rencontre à la terrasse d’un café 🙂
Bruno : je cuisinais souvent avec ma mère et ma sœur et mon père cuisinait beaucoup aussi. Ma mère rentrait tard du travail, mon père assurait souvent les repas du quotidien.
Où trouvez-vous de nouvelles recettes ?
On s’achète beaucoup de livres de recettes dont on suit peu les recettes finalement mais on adore lire des ouvrages culinaires et on pique des idées. On trouve surtout de nouvelles recettes et de nouvelles tables à tester sur Instagram en suivant les comptes des chefs, ou sur Mamie Boude.
Arnold : dernièrement j’ai même acheté un bouquin pour faire sa propre charcuterie.
Un repas rituel ?
Pizza de chez Papelli le dimanche soir.
Plutôt petit déj, brunch, déjeuner, apéro ou dîner ?
Bruno : avant la pandémie dîner ! En ce moment, déjeuner avec des amis qui dure toute la journée et se poursuit sur le goûter et l’apéro.
Arnold : je n’aime pas les brunch, en tout cas au restaurant où c’est souvent l’arnaque.
Passion vaisselle forcément mais passion linge de table aussi ?
Arnold : mes grands-mères étaient brodeuses donc on utilise leurs draps en guise de nappes. Et on mange toujours avec des serviettes en tissus c’est plus agréable, plus économique et plus écolo.
Bruno : on dîne aussi souvent à la bougie quand on reçoit le soir ; ça met toujours une bonne ambiance
Arnold : et on a une bien meilleure tête en fin de soirée.
Quelles sont vos adresses gourmandes ?
Balbosté 26 Rue de l’Échiquier Paris 10ème. On adore tellement l’univers de Charlotte Sitbon et Sayaka Kaneko que nous avons signé une collaboration ensemble. ( C’est ici ).
A.T. 4bis Rue du Cardinal Lemoine, Paris 5ème. Un très très bon restaurant. Son chef Atsushi Tanaka revisite la cuisine européenne avec une conception japonaise. Difficile à définir mais c’est délicieux.
Moulin d’Alotz Chemin d’Alotz Errota, 64200 Arcangues. C’est hyper bon.
Ibrik 9 rue de Mulhouse, Paris 2ème. Au menu de la cuisine des Balkans. Une cuisine que l’on connait peu. Un mélange un peu brutal de terroirs roumains, polonais, libanais. Mais un mélange audacieux qui fonctionne très bien. C’est toujours très gourmand. Il y a une très bonne sélection de vins.
Papelli 61 rue du Faubourg Saint Martin, Paris 10ème. Pour notre pizza du dimanche soir. On aime leurs pizzas à la pâte fine et croquante.
Capri Bazar 83 Rue du Faubourg Saint-Denis, Paris 10ème. Une épicerie italienne avec de très bons produits.
Maison Huang 5 Rue de l’Échiquier, Paris 10ème. Pour l’épicerie asiatique.
Hôtel Providence 90 Rue René Boulanger, Paris 10ème. Pour sa terrasse l’été et sa cheminée l’hiver. On y cale nos déjeuners professionnels. C’était notre QG avant les confinements.
Déviant et Vivant 39 rue des Petites Ecuries Paris 10ème pour la cuisine de Pierre Touitou.
Le Chardon 27 Rue Bouchardon, Paris 10ème. Pour un déjeuner rapide. La carte du midi est courte mais faite qu’avec des bons produits.
Sur Mer 53 Rue de Lancry, Paris 10ème. Sa cheffe Olive Davoux est franco-éthiopienne et cuisine le poisson comme peu de gens savent le faire. Sa carte change tout le temps. Une de nos adresses préférées.
Maison Joumana 246 cours de l’Yser, Bordeaux. Une table d’hôte et résidence d’artistes créée par Joumana une cheffe libanaise qui a quitté Paris pour Bordeaux. Le cadre est sublime et la cuisine aussi.
Interview et photos : Karine Couëdel
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