Sarah, journaliste spécialiste des odeurs et des parfums. Maman de Élisa 8 ans et Gina 4 ans. En couple avec Florent, chanteur lyrique.
Sarah Bouasse est journaliste et autrice, spécialiste des odeurs et des parfums. Après avoir co-écrit Sentir le sens avec Mathilde Laurent la créatrice des parfums de Cartier, elle publie Par le bout du nez, une histoire intime des odeurs un essai à la fois didactique et émouvant, véritable trait d’union entre un monde scientifique et une approche personnelle de l’odorat. Le matin de notre interview, une chaude odeur de beurre m’accueille dans l’ascenseur qui mène au 6ème étage de l’ immeuble où habite Sarah. Est-ce que des cookies ou des biscuits tout juste sortis du four m’attendent ? La réponse dans cette interview…
Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…
Dans l’assiette : végétarienne – de saison – gourmande.
La pièce : ouverte – fonctionnelle – centrale, j’ai toujours mon ordi portable posé au coin du bar, la cuisine c’est aussi mon bureau.
Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?
Avant de s’installer dans cet appartement on avait une cuisine fermée, j’ai grandi dans un appartement avec une cuisine fermée aussi. J’ai toujours fantasmé sur l’idée d’avoir une cuisine ouverte. Donc quand on a acheté cet appartement, on a tout de suite abattu la cloison qui séparait la cuisine du salon pour la remplacer par un comptoir.
Que manque-t-il dans ta cuisine ?
Un four, le nôtre nous a lâché juste avant ton arrivée ! J’ai dû aller faire cuire chez mes voisins du dessus la recette sucrée que je voulais te faire découvrir…
Sinon, il ne manque rien à part un petit coup de neuf ; les meubles de cuisine Ikéa sont ceux des propriétaires précédents qui en avaient eux-même hérités de ceux d’avant…
Qui cuisine et quand ?
Florent ! La charge des repas lui revient, courses comprises et il cuisine hyper bien, tellement bien que ça pourrait être son métier. Ça le passionne ; il a des classiques et une créativité débordante, même avec trois fois rien dans le frigo.
Je cuisine un peu mais ce n’est rien comparé à ce que fait Florent. À tel point que lorsque je lui ai dit que j’allais être interviewée pour In Kitchen With, il a un peu ricané…Il faut dire que j’adore bien manger mais j’estime avoir souvent mieux à faire que de me mettre en cuisine. Si je suis seule plusieurs jours, je peux me faire un daal et en manger pendant quatre jours de suite. Je cuisine donc surtout quand Florent est sur scène ou en tournée. Dans ces périodes, je me prépare « psychologiquement » à gérer les repas. Pour ça, mes meilleures alliées sont les listes de menus, à condition qu’elles ne soient pas trop contraignantes non plus.
Les idées repas de Sarah Bouasse
- Omelette aux pommes de terre
- Coquillettes petits pois – lardons
- Pizza maison
- Daal
- Soupe / Pain / Fromage
- Epinards au beurre / œuf mollet
- Salade de fenouil / anti pasti
- Risotto de légumes de saison
- En mai : des asperges vertes ou blanche. Délicieuses avec une mousseline de mayonnaise : faire sa mayonnaise et incorporer le blanc en neige. Avec un petit verre de Sauvignon, ce plat se suffit à lui-même.
Notes
En revanche c’est moi qui prépare tous les petits-déjeuners avec des pancakes même en semaine, les filles adorent ça. J’en fais deux fois par semaine, je les cuits 6 par 6 à la plancha, les conserve dans des boîtes au frais et les fais réchauffer le matin au grille-pain. Quand on n’en peut plus de manger des pancakes, j’alterne avec un gâteau au yaourt. Le petit-déjeuner c’est mon domaine. Pendant l’écriture de mon livre, je me levais à 5h pour pouvoir écrire dans le calme total. J’ai conservé de cette période le réveil aux aurores. Aussi, quand Florent et les filles se lèvent, la table est dressée et le petit-déjeuner servi avec les boissons fumantes.
Les pancakes fluffy de Sarah Bouasse
Ingrédients
- 3 œufs
- 300g de farine
- 300ml de lait
- 1 sachet de levure
- 1 sachet de sucre vanillé
Instructions
- Séparer les blancs des jaunes d’œufs.
- Dans un saladier : battre au fouet électrique, le mélange farine + jaunes + lait + levure + sucre.
- Batte les blancs en neige et les ajouter délicatement au mélange précédent.
- Cuire sans attendre à la poêle très chaude ou à la plancha.
Notes
Quel est votre repas rituel ?
Le mardi soir, on a pour habitude de faire la recette préférée des filles : les coquillettes aux petits pois et lardons !
Quelle est ton organisation pour les courses ?
Une fois par semaine, on fait un plein chez Leclerc. J’ai grandi à Paris, j’ai toujours associé le fait d’aller dans un hypermarché à une sortie de vacances. J’y allais pendant les vacances avec ma grand-mère, ça peut paraître bizarre, mais pour moi c’est un truc réconfortant. Même l’odeur d’un hypermarché me fait du bien. Quand on s’est installé à Pantin, de découvrir qu’on avait un Leclerc, c’était une vraie joie ; maintenant que c’est devenu une routine, le plaisir va peut-être s’émousser…
On va chez Miyam 3 ou 4 fois par semaine pour le frais. Et je commande à La Fourche en grande quantité toute l’épicerie sèche, le lait, tout ce qu’on peut garder. C’est bio, souvent local et éco-responsable, avec des prix très raisonnables.
Avec tout ça on, a une orga qui tient bien la route et qui prend en compte un critère important : le budget alimentation.
Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine ?
Du beurre demi-sel, c’est la vie – du beurre de cacahuètes j’en fais une consommation industrielle – des yaourts, particulièrement des Sojasun pour Gina qui en est fan – du fromage – des bonnes pâtes – du riz à risotto – des œufs.
Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…
Je ne mange pas de viande depuis que je suis enfant par conviction d’enfant « on ne mange pas d’animal », et avec tout ce que l’on sait désormais sur l’élevage industriel et les questions environnementales liées à la consommation de viande je ne risque pas de changer de point de vue. Mais, au risque de faire hurler les végétariens, je ne suis pas à une contradiction près puisque je mange un peu de poulet et je consomme aussi des œufs et du fromage. Florent ne mange pas de poisson par goût, donc notre terrain de jeu ce sont surtout les légumes. Les filles mangent de tout mais elles ont décidé qu’elles n’aimaient pas le poisson comme papa, loyauté absolue pour leur cuistot.
On fait attention au bio et encore plus certainement au local.
En cuisine, quelle est ton odeur préférée …
J’adore les odeurs d’oignons et d’ail revenus. Elles annoncent que quelqu’un est en cuisine, que ça va être bon car fait maison et qu’on ne va plus tarder à manger. J’adore les odeurs de gâteaux à la vanille, c’est pour moi tellement réconfortant. À tel point que je ramène de mes voyages en Italie de la vanilline, une molécule naturellement présente dans les gousses de vanille. En France, on a du sucre vanillé mais en Italie, ils ont ces petites dosettes de vanilline qui sont bon marché et font le job parfaitement.
… et l’odeur qui te dégoûte ?
L’odeur de la cuisson des viandes. Et les odeurs de fin de repas, quand tu as reçu du monde, que tu es en train de remplir le lave-vaisselle, ça annonce la fin de ce moment un peu exceptionnel pour lequel tu t’es investi, tu as dressé une belle table et il ne reste plus que la vaisselle sale et les ventres trop pleins.
Qui t’a donné le goût de la cuisine ?
Antoinette, ma grand-mère maternelle était une très bonne cuisinière. C’est elle qui m’a offert mon premier livre de cuisine et qui m’a appris les bases. Quand je pense à sa cuisine, c’est l’odeur du beurre de ses pâtes à tarte qui me vient en mémoire. Grâce à elle je n’achète jamais une pâte industrielle, ça me semble aberrant de ne pas faire sa pâte à tarte brisée ou sablée.
Et il y a eu un autre élément déclencheur : Top Chef ! Quand le programme a commencé, ça a réveillé en moi l’envie de cuisiner du salé. À l’époque, je n’étais pas encore maman et j’avais toujours un rapport adolescent à la cuisine, en gros je faisais surtout des gâteaux au chocolat. Cette émission a joué un rôle déterminant dans mon envie de cuisiner un peu plus.
Quant à Florent, son père est italien donc la culture culinaire italienne est très présente dans notre vie. Sa mère cuisine beaucoup, des recettes à la fois simples et très bonnes. Elle a eu quatre enfants, elle bossait et elle cuisinait ! Florent a hérité de son savoir-faire, quand on s’est rencontré il avait 25 ans et faisait déjà très bien la cuisine du quotidien.
Quel était le plat de ton enfance ?
Les lasagnes végétariennes de ma mère. C’était le plat du dimanche, elle faisait une grande ratatouille qu’elle montait en lasagnes, j’adorais ça.
Où trouves-tu de nouvelles recettes ?
Florent est fan des livres d’Ottolenghi. Moi je glane de nouvelles recettes sur des comptes vegan comme @Le renard et les raisins. Côté livres : Green Glam et Gourmande de Rebecca Leffler, avec une mention spéciale pour la recette de mousse au chocolat à l’avocat.
François Régis Gaudry, On va déguster l’Italie. C’est dans cet ouvrage que j’ai découvert la recette de la Sbrisolona que j’ai préparée pour les lecteurs.trices d’In Kitchen With. C’est une recette traditionnelle lombarde que j’ai un peu adaptée, notamment pour sa présentation. La recette ancestrale se fait en faisant cuire la boule de pâte au four qui est ensuite brisée au poing ; je préfère étaler la pâte et la quadriller puis couper les morceaux au couteau, je trouve que c’est plus présentable que des brisures. C’est une recette que j’ai beaucoup réalisée lorsque je préparais le livre Sentir le sens, co-écrit avec Mathilde Laurent la créatrice des parfums Cartier, j’en préparais pour chacune de nos séances de travail.
Sbrisolona de Sarah Bouasse
Ingrédients
- 100 g de farine
- 100 g de semoule de maïs ( polenta )
- 100g d’amandes entières
- 100 g de sucre roux
- 100 g de beurre doux légèrement fondu
- 1 pincée de sel
- 1 oeuf
- le zeste de 2 citrons
Instructions
- Mixer tous les ingrédients ensemble au blender jusqu’à ce qu’une boule de pâte se forme.
- Etaler la pâte sur du papier cuisson avec une épaisseur de 2 cm environ.
- Quadriller la pâte avec la pointe d’un couteau.
- Enfourner à 180° sur une plaque pendant 10-15 minutes selon votre four ( sa surface et son contour doivent être dorés ).
- Laisser refroidir.
- Découper des losanges en suivant le quadrillage.
Notes
Vous pouvez aussi l’étaler sans la quadriller et la briser à la main pour la servir en morceaux « grossiers » comme le veut la tradition italienne. La sbrisolona se déguste traditionnellement avec un café ou un thé en fin d’après-midi ou avec un lambrusco en fin de repas.
Tu apprends la cuisine à tes enfants ?
Élisa s’y met depuis quelques temps, elle fait des gâteaux au yaourt et au chocolat presque toute seule. Et on lui a offert un Opinel d’adulte pour ses 7 ans, elle coupe des légumes en étant très prudente.
Gina m’aide à mélanger des pâtes.
Elles adorent toutes les deux s’asseoir sur le plan de travail quand on cuisine pour regarder comment on fait. Elles sont plutôt intriguées, c’est chouette de partager ça avec elles. Je leur donne de plus en plus de petites missions : peser, mélanger, couper…
Quelles sont tes adresses gourmandes ?
Les Pantins, 6 rue Victor Hugo à Pantin. De la délicieuse cuisine néo-bistrot, inventive et de saison. Parfait pour le déjeuner. Mention spéciale pour la cave à vins natures.
La Pantinoise, 34 rue Hoche Pantin, une très très bonne fromagerie.
Atelier P1, 41 bis rue Hoche Pantin, une boulangerie coffee-shop. Spot idéal pour un cappuccino matinal après avoir déposé les filles à l’école. Leurs viennoiseries sont de folie !
Supermarché Istanbul, 103 rue Jean Lolive à Pantin. J’ai une passion pour les supermarchés exotiques. Certainement un héritage de mon enfance dans le quartier de la Goutte d’Or.
Kioko, 46 rue des Petits Champs à Paris, une épicerie japonaise où j’achète notamment des tonnes de thé genmaicha et des infusions de sarrasin grillé.
Interview et photos : Karine Couëdel
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