Audrey Nait-Challal – Journaliste, éditrice. Maman de Noah 23 ans, Marius 21 ans, Tristan 16 ans. Mariée à Yann, professeur.

Audrey est journaliste, responsable d’une page culturelle dans le magazine l’Actu, un quotidien destiné aux 13-20 ans. Auparavant, pour le magazine Géo, elle interviewait des personnalités qui évoquaient un lieu qui leur était cher.

Le voyage et la culture sont les deux moteurs d’Audrey qui a commencé à voyager à 19 ans en version sac au dos avec Yann, puis ils ont continué avec leurs trois garçons. Elle a longtemps partagé ses bonnes adresses, ses bons plans petit budget, ses itinéraires sur son blog Les Tartines de Sidonie. Puis elle a eu la bonne idée de prolonger ses partages en version papier. C’est ainsi qu’en 2016 est née In the Mood For… sa collection de city guides. Le premier était consacré à Bruxelles, ville qu’elle affectionne et a beaucoup explorée grâce aux échanges de maison avec HomeExchange. Depuis il y a eu Porto, Naples, Athènes & Hydra, Tanger, Amsterdam, Paris, et un exemplaire dans un format spécial consacré aux USA. Outre un design élégant et des photos sublimes faites par Audrey, ces guides apportent un petit supplément d’âme à la cohorte d’ouvrages de voyages qui existent sur le marché. Les adresses mentionnées sont confidentielles, ce sont uniquement celles qu’Audrey a découvertes et testées seule ou en famille. Des adresses qu’elle donnerait à des copains qui partent en voyage.

Vendue dans des librairies, des concepts-store, des musées, et sur son e-shop, sa collection s’est fait une jolie place.

Audrey m’a ouvert les portes de sa cuisine parisienne un matin sombre et pluvieux de décembre, à l’heure du petit déjeuner. J’ai été accueillie par l’odeur de la brioche maison faite par Yann et rassasiée par le granola d’Audrey. Dans sa cuisine-entrée ouverte sur la pièce à vivre, on a fait connaissance, petit déjeuné, évoqué notre passion commune pour les voyages en échange de maisons, fait des photos. Le tout dans le désordre. On poursuit cette rencontre avec vous…

Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…

Dans l’assiette : simple – sucrée – fraîche

La pièce : personnelle – remplie – chaleureuse

Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?

La cuisine a toujours été à cet emplacement. C’est une « entrée-cuisine » et finalement c’est pas mal car il n’y a pas de perte de place. Dans cet appartement on ne s’est pas lancé dans de grands travaux. On a passé 20 ans avec une cuisine Ikea rouge et un carrelage tout moche. Puis un dégât des eaux nous a fait prendre conscience qu’il était temps de refaire l’aménagement. On est resté sur du Ikea mais avec des tiroirs qui fonctionnent bien et des rangements astucieux. On a enlevé un coffrage qui prenait beaucoup de place pour y glisser le frigo, installé des étagères ouvertes String qu’on a depuis des années, Yann est un grand fan de design finlandais. Au sol on a opté pour des carreaux de ciment achetés dans notre quartier.

Qui cuisine et quand ? 

Yann ! Au quotidien ET quand il y a du monde à la maison. Moi je cuisine de moins en moins, pourtant j’aime manger. Faire des découvertes culinaires c’est important pour moi, mais je ne suis pas très patiente, quand je cuisine il ne faut pas que ce soit trop long, ni trop compliqué. Quand on a des invités, je me mets trop de pression, j’ai peur de rater ! Je cuisine un peu, surtout du sucré, mais je ne me lance jamais dans un plat qui mijote pendant quatre heures.

Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont vous ne pouvez vous passer ? 

La machine à café pour moi. Même si j’apprécie de plus en plus le café filtre et l’idée de prendre son temps pour préparer son café.

Un robot Kenwood pour Yann qui l’utilise tous les jours. Pour les pâtes à tarte, les gratins, les soupes.

Des cocottes en fonte Le Creuset et Staub pour Yann.

Que manque-t-il dans ta cuisine ? 

Un égouttoir indien. J’adore cet objet, je trouve ça très beau mais dans cette cuisine je ne vois pas où le mettre.

Qui t’a transmis le goût des bons repas ?

Avec Yann on s’est rencontré au lycée. Quand nous étions étudiants, avec notre groupe d’amis, on organisait une fois par saison ce qu’on appelait un « dîner gastronomique ». Chacun devait apporter un plat fait maison. Yann s’est alors mis au défi de cuisiner des super plats pour épater tout le monde, ça a plu, il s’est pris au jeu, depuis il adore cuisiner. Il fait des confitures maison, toutes les pâtes pour les quiches, pizzas, beaucoup de pâtisserie aussi.

Je pense que mon goût des bons repas vient de cette époque. Ma mère n’aime pas trop cuisiner. Elle est de la génération qui a trouvé géniale l’arrivée des plats surgelés et du micro-ondes.  Durant mon enfance, mon père faisait des frites le samedi midi ! Aujourd’hui, ma mère nous prépare toujours de bons petits plats quand on va chez eux.

Notre génération, une fois adulte a pris conscience que la nourriture industrielle est bourrée de trucs dégueulasses, on fait plutôt un mix avec la cuisine de nos grands-parents et nos modes de vie. Fini le tradi « entrée-plat-dessert » mais retour aux bons produits.

Et je pense que le goût nous est surtout venu des voyages qu’on a commencé à faire très jeunes ; la cuisine de rue nous a ouvert à la gastronomie. Le fait d’habiter à Paris aussi, avec tous ses bistrots, nous a ouvert l’esprit.

Vous avez des rituels en cuisine ?

Yann est très rituel par saison : gaufres en octobre- brioches et pain d’épices en novembre et décembre – galette des rois tous les week-end de janvier – tarte à la rhubarbe quand c’est la saison -confitures en août.

Quand nos trois garçons étaient encore tous à la maison, tous les vendredis soirs c’était pizza.

Le dimanche soir : œufs à la coque et plateau de fromage.

Plutôt menus de la semaine ou free style ?

Free style. C’est Yann qui trouve l’inspiration chaque jour. Je ne sais jamais ce qu’on va manger le soir, c’est toujours la surprise. Je me laisse porter. Pour des raisons d’organisation, et pour alléger un peu Yann, cette année je prépare le repas du lundi et du mercredi ; j’arrive à peu près à m’y tenir. Je commence à y penser le jour J, vers 15h…mais j’essaie quand même de faire un plat un peu élaboré en suivant une recette à la lettre.

Où et quand fais-tu tes courses ?  

C’est aussi Yann qui fait les courses. Tous les jours, en fonction de ce qu’il va cuisiner, qu’il ait déjà une idée en tête ou pas. Et un marché le week-end. Bref, la cuisine c’est son domaine !

Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…

On est plus attentif au local qu’au bio. On a aussi considérablement diminué notre consommation de viande, on n’en mange quasiment plus en semaine. Ce qui ne nous empêche pas l’été de craquer pour un barbecue.

Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine ?

Du beurre demi-sel – des yaourts natures – du lait entier – de la crème de marrons – du miel – des œufs – des épices – des pâtes.

Tu apprends la cuisine à tes enfants ? 

Noah notre aîné ne savait rien faire quand il est parti de la maison. Aujourd’hui, il vit en couple et il s’y est mis ! Marius a eu une longue période de malbouffe, mais depuis deux ou trois ans il nous demande d’acheter des légumes et quand il est tout seul à la maison il se prépare des plats simples mais équilibrés. Cette année, il travaille dans un cinéma donc il est obligé de s’amener son déjeuner, qu’il se prépare la veille.

Tristan est celui qui aime le plus cuisiner. Quand on fait un repas de fête, il fait une partie du repas. Pour l’anniversaire d’un de ses frères il a fait des rouleaux de printemps. Il est fan du Japon donc il teste des repas entiers à thème. De temps en temps il nous prépare le repas du soir.

Ce sont des garçons qui ont toujours vu leur père cuisiner, c’est naturel pour eux d’être aux fourneaux.

 Où trouvez-vous de nouvelles recettes ?

Je suis fan de la revue 180°C. Je trouve souvent des recettes dedans. Ma voisine m’a offert des livres d’Ottolenghi. Je fais aussi beaucoup de recettes du livre Alice in Food d’Alice Roca. J’aime les livres un peu décalés comme « The Photographer’s Cook Book »  dont le concept est de demander une recette à chaque photographe interviewé ou encore « Mange Bruxelles« , d’une maison d’édition belge, qui propose des interviews de chefs et de leurs clients dans les restaurants. Une super idée et les photos sont belles.

Yann trouve de l’inspiration sur Instagram, son compté préféré : @mise.en.table

As-tu un carnet de recettes ?

J’ai un carnet depuis que je suis étudiante. Il contient des recettes que je n’ai jamais réalisées et d’autres qui me sont chères comme celle de la tarte au citron de ma tante Jeannette que j’ai toujours faite. C’est précieux et très personnel.

Plutôt petit déj, brunch, déjeuner, apéro ou dîner ?

J’aime tous les repas mais en semaine je n’ai pas trop d’appétit au petit-déjeuner. Et le déjeuner j’alterne : à la maison, sur le pouce (des œufs au plat  par exemple, j’adore!), un plat à emporter Chez Pilou en bas de chez moi ou un resto avec une amie ! Je préfère sauter le déjeuner plutôt que de manger un mauvais sandwich à 8 euros ou un poke ball avec des produits congelés.

En voyage, comment choisis-tu les restaurants ?

Au feeling ou une adresse repérée sur un blog, sur insta ou dans un guide. Même quand les enfants étaient plus petits, je pouvais leur faire parcourir des kilomètres plutôt que de manger dans un restaurant qui avait l’air moyen. Je fuis direct tous ceux avec les menus en cinq langues. Manger au restaurant à cinq c’est un budget, donc autant ne pas se tromper et ça me met de très mauvaise humeur de mal manger au resto !

Es-tu accro à la vaisselle ou au linge de table ? 

Notre cuisine est remplie de vaisselle et d’objets ramenés de brocante et vide-greniers faits en voyage en France et à l’étranger : la boîte à pains on l’a trouvée aux Pays-Bas, les assiettes à Bruxelles, les étagères en Finlande, les chaises ont les a chinées à Bordeaux, l’affiche a été achetée à Austin au Texas, du Japon on a rapporté une théière dans laquelle on fait nos tisanes.

Yann a une passion pour les assiettes à fromage, il a trois services chinés.

Quelles sont tes adresses gourmandes ? 

Pilou, 42 avenue Parmentier Paris 11ème. Une délicieuse cantine de quartier pour le midi. De la cuisine familiale  souvent teintée de saveurs vietnamiennes, avec tous les jours un plat végétarien, un avec de la viande et deux sandwichs au choix.

Zingam, 75 rue du Chemin Vert Paris 11ème. Une épicerie de quartier qui ne vend que des produits de producteurs locaux. Ce sont les premiers à s’être installés dans le quartier, on leur est resté fidèle.

Fringe, 106 rue de Turenne Paris 3ème. Un petit coffee shop. Le café y est très bon. Les roulés à la cardamome aussi. Et il y a tout le temps une expo photo assez pointue. C’est un très joli endroit.

Le Café du Coin, 9 rue Camille Desmoulins Paris 11ème. Pour un déjeuner c’est parfait. Menu entrée-plat-dessert à 24 euros. Le menu change tous les jours. Les produits sont frais et très bien cuisinés. Il faut penser à réserver.

Le Dilia, 1 rue d’Eupatoria Paris 20ème. Pour un dîner un peu exceptionnel. Cuisine franco-italienne avec un menu, c’est très très bon.

La Trésorerie, 11 rue du Château d’Eau Paris 10ème. J’aime les choix humains faits par Elsa la fondatrice. Dans ses sélections d’objets tout a une histoire, un sens et ça se sent dès qu’on passe la porte de sa boutique.

Interview et photos : Karine Couëdel