
Sarah Barukh, auteure, maman de Lalah 4 ans.
Elle a publié quatre romans, qui tiennent tous les lecteurs.trices en haleine. En ce printemps, son actualité littéraire est toute autre : Sarah a coordonné et co-écrit « 125 et des milliers« , un livre en hommage aux femmes mortes de la violence de leur mari, ou ex-mari, compagnon ou ex-compagnon, petit ami, ex-petit ami. Une galerie de 125 portraits documentés par Sarah qui a rencontré les proches des victimes. Des portraits écrits par des femmes de tous horizons ( les comédiennes Andréa bescond, Isabelle Carré, Judith Chemla, l’ex-ministre Roselyne Bachelot, la rabbin Delphine Horvilleur, les auteures Agnès Martin-Lugrand, Valentine Goby etc…). Des portraits pour ne pas oublier qui étaient ces femmes, ces mères, ces filles, ces sœurs. Quel était leur caractère ? Qu’aimaient-elles ? Qui sont leurs enfants ?
Le tout ponctué par des chapitres auto-biographiques sur l’histoire de Sarah, elle aussi victime de la violence du père de sa fille.
« 125 et des milliers, c’est une façon de dire que les chiffres ne racontent pas la vie. Ce chiffre est fou. D’autant que dans le décompte des féminicides, les suicides forcés ne sont pas comptabilisés or, depuis 2020 ils sont retenus dans les féminicides. Si on les comptait on serait à une femme par jour minimum qui meurt, victime de violences conjugales. Ces chiffres-là ne comptent pas les victimes collatérales ( enfants, parents, fratrie ), ne comptent pas les femmes qui vont développer des maladies, des arrêts cardiaques parce qu’elles n’en peuvent plus du stress et de la violence qu’elles subissent. On sait aujourd’hui que 30% des enfants qui ont connu la violence, seront victimes de violences conjugales à l’âge adulte, 30% seront bourreaux et seulement 30% seront ce qu’on appelle « résilients » avec toutes les limites que j’accorde à ce terme. » m’explique Sarah.
13 chapitres racontent l’histoire personnelle de Sarah, « ce que j’en ai compris en tout cas » précise-t-elle.
Aujourd’hui Sarah me reçoit dans son cocon parisien du quartier du Marais. Celui qu’elle a créé après s’être enfuit avec son bébé, une nuit de juin, il y a trois ans. Un cocon calme et douillet qu’elle partage avec sa fille Lalah et leur chat Shalom.


Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…
Dans l’assiette : équilibrée – naturelle – préparée dans la joie
La pièce : trop petite – propre – « habitée »
Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?
Quand j’ai emménagé il y avait une base de blanc Ikea pas très fonctionnel avec uniquement des meubles bas. J’ai tout changé : enlevé la hotte ( pas besoin il y a une fenêtre, et son bruit m’empêchait d’entendre ma fille quand elle joue dans sa chambre ), collé une crédence en vinyle et changé toutes les portes des placards, acheté de très belles poignées, déjà la cuisine avait une autre gueule. J’ai dépareillé aussi les portes des placards : couleur en haut et blanc en bas ; grande audace de déco ! J’adore la déco et j’ai une passion pour les paniers en osier.
La cuisine a beau être toute petite, j’y passe beaucoup de temps et Lalah aussi. Il fallait donc qu’elle soit agréable même si elle est minuscule.
Qui cuisine ?
Je suis maman solo mais le soir on cuisine ensemble avec Lalah. Je lui ai acheté des couteaux pour enfants, elle a sa propre planche et elle s’éclate à couper ses cornichons.
J’ai un compagnon depuis peu, qui vit en Normandie, il est restaurateur mais pas cuisinier…donc c’est moi qui cuisine le week-end quand on est ensemble. Mais attention pour moi ce n’est pas anti-féministe de cuisiner, au contraire c’est un vrai moment pour soi aussi. Et puis je n’ai aucun problème avec les valeurs féminines, d’enveloppement, de la « mamma » qui nourrit, materne.
J’adore cuisiner, c’est mon moment de méditation : éplucher, couper des légumes ça demande toute notre attention et c’est l’idéal pour se vider la tête.
Et étonnamment, quand je vivais encore avec le papa de Lalah, le moment où je cuisinais était un moment de calme, pour moi car je savais qu’il ne viendrait pas m’embêter ; en revanche il fallait que tout soit rangé et nettoyé au cordeau après si je ne voulais pas qu’il « s’énerve »…quarante cinq minutes de paix donc que de récurer la cuisine après un repas…
Mais je ne suis pas une grande cuisinière, je m’en sors avec des épices, des herbes…
Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont tu ne peux te passer ?
Un mixeur-plongeur pour la mayo, les sauces, les soupes.
Un bon économe.
Plutôt menus de la semaine ou free style ?
Je ne fais pas de liste parce que je cuisine souvent la même chose avec quelques variantes : tous les soirs je fais un plat avec féculents, protéines, légumes. J’achète toujours un peu les mêmes trucs que je ne cuisine pas toujours de la même façon. Je kiffe d’inventer des plats avec les restes, je ne jette jamais. Quand on est en Normandie avec mon compagnon et son fils, je fais des plats plus conséquents, type osso bucco, ragoût.
Les idées repas de Sarah Barukh
- Escalopes de poulet avec des champignons de Paris sautés avec des épices
- Pâtes aux légumes de saison
- Pâtes au ragù
- Tarte chèvre – courgette
- Mezze
- Salade de quinoa, fruits secs
Notes
Qui t’a donné le goût de la cuisine ?
Personne. Ma mère a toujours eu une véritable phobie de faire la cuisine ; je ne savais pas que c’était possible à ce point. Elle ne sait pas cuisiner et la nourriture a toujours été un sujet de stress. J’ai cuisiné très tôt pour mon frère et ma sœur ( je suis l’aînée ). Ma mère a commencé à faire à manger quand on est partis de la maison : pour nous réunir elle a commencé à faire le repas de Shabbat. On n’est pas du tout religieux mais c’est un bon prétexte pour nous rassembler. Je n’ai donc pas eu une éducation culinaire comme celle que je fais à Lalah.
Comment as-tu appris à cuisiner ?
J’adore regarder plein de recettes sur internet et essayer de retenir le tronc commun à certaines et ensuite j’adapte.
Où et quand fais-tu tes courses ?
Je fais les courses de base en ligne, à Paris je passe tous les jours chez le primeur du quartier. J’ai une maison à la campagne, donc je me fournis aussi beaucoup directement chez les producteurs. Une fois par semaine j’achète du poisson, en général c’est quand on est en Normandie.
Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…
Je ne supporte pas le lait de vache, je mange pas de viande ou de poisson tous les jours. La règle c’est surtout que je n’achète aucun plat cuisiné, je fais tout maison. Simple, mais maison.
Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine ?
Un petit pot de crème liquide – des légumes – du parmesan – ail – oignons – herbes – de la feta – de la ricorée
Au congélo : des glaces, des poissons du poissonnier, des plats maison faits en Normandie, du pain au maïs ( j’adore le pain c’est ma passion, je n’en manque jamais ), de la pâte à tarte bio.


Tu préfères cuisiner le salé ou le sucré ?
Il n’y a pas de règles. Ce que j’aime, c’est cuisiner un plat ou faire un gâteau en sachant que c’est ce qui fera plaisir à ma fille ou à mon compagnon. Il est juif tunisien( je le suis par mon père ) et il adore le « boulou » ( sorte de croquant mou à l’intérieur dans lequel on met du chocolat et de la fleur d’oranger ), donc je fais un boulou toutes les semaines. C’est d’ailleurs la recette que j’avais envie de partager avec les lectrices d’In Kitchen With.
Le boulou de Sarah Barukh

Ingrédients
- 450g de farine
- 100g d’amandes en poudre torréfiées
- 175g de sucre roux
- 1 pincée de sel
- 3 œufs
- 3 c.à.s d’eau de fleur d’oranger
- Les zestes d’une orange et le jus d’une demi orange
- 1/2 verre d’huile neutre
- 1 tablette de chocolat noir
Instructions
- Verser tous les ingrédients dans un saladier et assembler rapidement. Il ne faut pas malaxer, juste que ce soit mélangé.
- Verser cette pâte poudrée sur un plat qui va au four.
- Rassembler la pâte pour former un boudin et placer le chocolat au centre.
- Enfourner 5 min à 200°C puis 40/45 min à 150°C.
Notes
On peut étaler un œuf au pinceau pour dorer le dessus, ajouter du sésame et des fruits secs, des amandes entières, mais moi j’aime comme ça.
Où trouves-tu de nouvelles recettes ?
Sur internet : Hervé cuisine, Chloé Saada, In Kitchen With.
Plutôt petit déj, brunch, déjeuner, apéro ou dîner ?
J’adore me faire un bon petit déjeuner avec un gros bol de Ricorée au lait d’amandes ou d’avoine.
Qu’est-ce que tu cuisines quand tu reçois ?
J’adore recevoir. J’en ai été privé avec le père de ma fille qui m’interdisait de faire venir qui que ce soit à la maison. Maintenant je me rattrape et je fais tout maison : houmous, tarama, tzatziki, bricks, verrines à base de feta, salade de quinoa avec des fruits secs, tartes salées.
Que fais-tu quand tu n’as vraiment pas envie de cuisiner ?
Je le dis et mon compagnon qui prend le relais. Il fait très bien les pizzas maison, les hamburgers et les frites ; ça manque de légumes mais de temps en temps ça fait du bien.
Es-tu accro à la vaisselle ou au linge de table ?
La belle vaisselle pour moi c’est très important : je craque chez Monoprix, Maison du Monde, j’ai acheté un très beau service Villeroy et Boch. Je craque aussi pour les serviettes en tissu, les beaux couteaux.
Quelles sont tes adresses gourmandes ?
La Grande Épicerie pour le saumon braisé, la sélection de pâtes de Cecco, les épices, les moutardes.
Izraël, 30 rue François Miron Paris 4ème. Pour les noix de cajou, tous les fruits secs.
Bojangles, 46 rue Mirabeau à Deauville. Le nouveau restaurant de mon amoureux.
Interview et photos : Karine Couëdel
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