
Nadia Azoug, fondatrice de la marque de bijoux Monsieur Paris. Maman de Nina 20 ans. En couple avec Noé, papa de Abraham 17 ans 1/2 et Fella 12 ans.
Quinze ans déjà que les créations de Monsieur Paris nous ravissent. Pensés par Nadia et son équipe de joaillers, les bijoux Monsieur Paris sont entièrement façonnés dans l’atelier de la marque situé rue Charlot dans le Marais, arrondissement historique des bijoutiers parisiens. Avant de tomber amoureuse de l’artisanat, Nadia, diplômée de sociologie, tenait le Cannibale Café, une brasserie au décor Art déco du 11ème arrondissement. Ce matin brumeux de janvier, Nadia nous ouvre la porte de son appartement parisien, et il lui ressemble : accueillant, exquis et plein de vie.




Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…
Dans l’assiette : colorée – saine – réconfortante
La pièce : chaleureuse – sur-équipée – habitée
Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?
Je loue cet appartement depuis longtemps, je n’ai pas touché à la cuisine. J’ai juste ajouté le meuble-étagère en bois pour la vaisselle, une barre pour accrocher les ustensiles et des tableaux pour la déco. Sinon tout le reste est d’époque. C’est la plus petite pièce de cet appartement, disposée en long ; ce n’est pas un espace qui a été pensé pour y circuler à plusieurs. Quand on cuisine ensemble avec Noé, on a une jolie chorégraphie, ça fonctionne. Les ados sont soient assis à la table de la cuisine pour nous aider, ou sur la pas de la porte pour raconter leur journée. Étonnamment on y passe beaucoup de temps tous ensemble : le thé du matin, la préparation des repas, l’apéro.
Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont tu ne peux te passer ?
Une cocotte-minute – une cocotte en fonte. Un robot, un hachoir.
Qui cuisine et quand ?
On cuisine tous les deux avec Noé. On vit ensemble depuis moins d’un an, ses enfants sont avec nous une semaine sur deux donc une semaine sur deux on cuisine et on s’alimente différemment. Et de toute façon, la cuisine et l’organisation qui va avec ne me font pas peur. J’ai vécu seule avec Nina depuis sa toute petite enfance, tout en gérant le Cannibal Café, je cuisinais donc pour elle, des choses simples qui se font rapidement.


Plutôt menus de la semaine ou free style ?
Quand Nina était petite j’ai tenté de cuisiner les repas de la semaine le week-end mais ce n’est pas une organisation qui me convient. Quand les enfants de Noé sont à la maison, on essaie de prévoir quelques repas pour ne pas se retrouver au dépourvu quand ils nous posent les deux questions vitales de la journée : « on mange quand ? » et « qu’est-ce qu’on mange ? ». Deux questions qui sont vite anxiogènes si on n’a pas anticipé la réponse. Donc une semaine sur deux on est en mode « caddie » pour que les placards et le frigo soient bien remplis et on fonctionne aux repas rituels : burgers maison du samedi ou dimanche midi tous ensembles avec Nina qui vient manger. La semaine sans les enfants de Noé, je fais au feeling, je n’aime pas savoir ce que je vais manger dans quatre jours.
Les idées repas de Nadia Azoug
Ingredients
- Curry de légumes ou poulet
- Tajine poulet – olives – citrons confits
- Salade fourre-tout : quinoa – concombre – tomates – champignons ( en fonction des saisons )
- Pizzas maison
- Salade de patates
- Pâtes carbo sans crème fraîche
- Burgers maison
Notes
Où et quand fais-tu tes courses ?
Je fais toutes les courses dans mon quartier, au Monop, ou au gros Carrefour où tout coûte quand même moins cher. Et on a un marché deux fois par semaine. Avec Noé je re-découvre le plaisir de faire les courses, parce que soyons honnête en réalité, c’est la corvée. Mais je m’y colle quand même parce que j’ai deux principes : je ne me fais pas livrer, et je ne commande jamais à manger. Je ne juge pas les parents qui le font mais ce n’est pas dans mes valeurs. Si on veut acheter asiatique ou indien on passe chez un traiteur et on prend à emporter. Mais que chacun se fasse livrer sa bouffe de son côté, jamais. Les repas en famille c’est sacré. Même quand Nina était toute petite, que je devais filer au restau, je prenais le temps de me mettre à table avec elle.
Je viens d’une culture où si tu veux manger pas cher, il faut manger frais et maison, je n’ai jamais vu de plats transformés chez mes parents.
Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…
On mange de tout mais je suis très légumes. J’ai été élevé avec la conscience de la valeur de la viande, l’idée que les animaux sont des outils plus que des aliments, donc j’ai grandi avec une cuisine qui met les légumes au cœur de l’alimentation. J’achète de saison, plutôt local ou France que du bio à des prix indécents dont on ne connait pas la provenance.
Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine ?
Des céréales, des pâtes, des sauces pour les pâtes, deux trois trucs pour faire des rouleaux de printemps, des nouilles de riz, des épices pour le couscous, des légumes, des fruits, des jus de fruits, des gâteaux du commerce pour le goûter, seule entorse à la règle du tout fait maison.
Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?
Un couscous, le plat de mon enfance. Je suis kabyle, arrivée en France à l’âge de 7 ans. Le couscous c’est le plat que je cuisine souvent quand je reçois des amis. Pour qui ne sait pas le faire ça peut paraître insurmontable mais en réalité c’est de la cuisine « prolo » qui ne nécessite pas d’avoir un piano six feux. Des légumes, du bouillon, de la semoule et ça roule.
Le couscous de Nadia Azoug

Ingrédients
- 3 oignons jaunes
- 1 branche de céleri
- 2 gousses d’ail
- 500 g de pois chiches
- 6 carottes
- 4 ou 5 navets
- 6 courgettes
- 3 tomates ou une boîte de concentré de tomates
- collier d’agneau
- Paprika
- Ras el hanout
- Cannelle
- Gros sel
- Huile d’olive
- 500 g de semoule moyenne
Instructions
- Faire le bouillon : dans le faitout du couscoussier faire revenir dans de l’huile d’olive les oignons + viande puis ajouter ail + céleri + pois chiches.
- Ajouter les épices + tomates. Laisser saisir quelques minutes à feu doux puis recouvrir avec deux litres d’eau et laisser cuire 20 minutes environ en ajoutant de l’eau si nécessaire ( il faut toujours que les aliments soient couverts ). Saler avec du gros sel.
- En même temps, dans le panier vapeur : cuire carottes et navets.
- Faire la semoule : dans un grand saladier, verser 250g d’eau froide sur les 500g de semoule. Laisser absorber, égrainer à la main. Puis mettre dans le panier vapeur, laisser 10-15mn. Remettre la semoule dans le saladier et verser de nouveau 250g d’eau froide salée. Égrainer à la fourchette. Puis remettre une nouvelle fois dans le panier vapeur, 10-15 minutes. Égrainer de nouveau et ajouter un filet d’huile.
- En fin de cuisson, ajouter dans le bouillon les carottes et les navets cuits, les courgettes crues.
Notes
En été on peut aussi ajouter des haricots verts.
Qui t’a donné le goût de la cuisine ?
Ma mère cuisine beaucoup, j’ai appris en la regardant faire et elle m’a vite mise à l’œuvre comme commis. Elle vient d’un milieu très modeste donc elle a toujours fait à manger avec peu. Elle a un goût pour le bon, les légumes, des idées de repas très différents pour que tout le monde y trouve son compte. Elle maîtrise les aliments, les temps de cuisson. Elle est très forte.
Quel est le plat de ton enfance ?
Le couscous. Le poisson du vendredi, jour du marché à Ménilmontant, le quartier où j’ai grandi. Les poivrons grillés. Le poulet cuisiné avec du fenouil, des courgettes.
Le midi : resto ? à emporter ? restes de la veille ?
Je peux facilement aller faire une séance de sport et sauter le déjeuner. Ou manger seule dans un restaurant chinois, les seuls restaurants où tu ne te sens pas de trop quand tu arrives seule.
Tu reçois souvent ?
Oui, souvent et beaucoup de monde en même temps sans problème. C’est un appartement fait pour recevoir et on a des copains sympas. Je peux faire un couscous pour trente personnes sans stress.





Où trouves-tu de nouvelles recettes ?
J’ai plein de livres mais je les ouvre plutôt l’été parce que j’ai plus de temps et il y a plus de choix dans les légumes. C’est le moment où on a envie de faire plein de trucs à mettre sur la table : salade composée, houmous., etc… Mes livres favoris du moment sont ceux d’Ottolenghi : Jérusalem et Simple. Manuel du cuisinier amateur, La cuisine végétarienne du Moyen Orient.

Nina et les enfants de Noé savent cuisiner ?
Nina a appris très jeune à se faire à manger. Ma maman s’occupait beaucoup d’elle quand elle était petite, donc comme moi, elle l’a vu cuisiner tout le temps et a appris rapidement à faire les choses seules. Fella, la fille de Noé, aime bien être en cuisine quand on prépare, elle observe, elle aide, elle nous raconte sa journée. C’est un temps aussi précieux que le repas en lui-même, c’est un temps où on peut parler de plein de choses, mine de rien.
Es-tu accro à la vaisselle ou au linge de table ?
Accro totale. J’aime le beau en général et particulièrement sur la table, ça participe de ce que tu as dans ton assiette.
Une maison ça doit être beau et doux.
Vaisselle ancienne, verrerie, porcelaine, serviettes et nappes en lin, bougies parfumées. Je chine beaucoup chez Emmaüs.

Quelles sont tes adresses gourmandes ?
Lao Siam, 49 rue de Belleville Paris 19ème.
Au Bon Pho, 22 rue au maire Paris 3ème. Un très bon restaurant cambodgien.
Petits Raviolis, 65 rue de Belleville Paris 19ème.
Chez Omar, 47 rue de Bretagne Paris 3ème. Pour le couscous, un incontournable.
Café les Deux Gares, 1 rue des Deux Gares Paris 10ème. Un peu cher mais de la très bonne bistronomie.
Giclette, 13 rue Keller Paris 11ème. Une très bonne cave à vins naturel où on mange une cuisine savoureuse d’inspiration japonaise.
Interview et photos : Karine Couëdel
Comments