
Isabelle Sipp, cheffe, fondatrice de Cardamome Atelier Culinaire. Maman de Paul 29 ans et Antoine 27 ans. Mariée à Christophe.
Petite-fille et fille de vignerons alsaciens, Isabelle a posé ses valises depuis deux ans à Bois-Plage-en-Ré, sur l’exquise île de Ré dont elle est tombée amoureuse. Formée à la commercialisation des vins en France puis à la sommellerie dans la région des Fingers Lakes aux Etats-Unis, tout la destinait à faire carrière dans le monde des cépages. Mais une rencontre fortuite avec le chef triplement étoilé Alain Passard va changer le cours de sa vie professionnelle. Stagiaire à l’Arpège pendant un an, Isabelle devient assistante du chef pour des événements privés. De Paris au Japon en passant par l’Inde, de grandes tablées à des dîners pour petits comités, pendant 10 ans elle enchaîne les missions en jonglant avec son rôle de maman de deux jeunes enfants. En 2006, elle met fin à ce tourbillon pour fonder Cardamome, son atelier culinaire, dont le parrain n’est autre qu’Alain Passard.
Installée à l’année depuis deux ans sur l’île de Ré, elle me reçoit un jour d’été dans l’espace où elle anime ses ateliers culinaires. Mi-cuisine familiale, mi-labo de chef, ce lieu serein et créatif lui ressemble, emplit de vaisselle épurée japonisante et de bons produits de l’île.


Pouvez-vous définir votre cuisine en 3 mots…
Dans l’assiette : simple – spontanée – avec des produits de qualité
Je fait de la cuisine méditerranéenne à base d’huile d’olive, simple, sans pesée, que l’on peut refaire facilement à condition de choisir les produits avec rigueur. Ma cuisine, c’est un produit mis en valeur avec d’autres ingrédients mais peu, et toujours avec une note d’acidulé ( citron, vinaigre, une herbe…). J’ai toujours gardé en mémoire le conseil du chef Alain Passard : « gommer le geste », c’est-à-dire travailler le produit le moins possible.
La pièce : grande – rangée – conviviale
Comment avez-vous pensé l’aménagement et la déco de votre cuisine ?
Avec une très grande table, je ne voulais pas de salle à manger, pour pouvoir cuisiner tout en étant avec les convives. Je souhaitais que la cuisine soit rangée mais pas austère, avec un « bordel organisé », des ingrédients visibles, les placards on peut les fermer mais je les laisse ouverts, ça donne plus de vie.



Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont vous ne pouvez vous passer ?
Le robot Artisan Kitchen Aid depuis que je fais du pain maison. Une plaque réfractaire en terre pour faire cuire le pain dans le four afin que la chaleur monte à 300°C.
Au quotidien, qui cuisine ?
Moi. Mon mari fait très bien les poissons au barbecue, rosés à l’arête, ils maitrisent parfaitement la cuisson.
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans le fait de cuisiner ?
Quand on cuisine pour les autres, on donne de l’amour.
Qui vous a donné le goût de la cuisine ?
Ma grand-mère paternelle Elise Ida, qui était d’origine italienne. Elle vivait en Alsace sur le domaine viticole avec mes parents et c’est elle qui faisait la cuisine pour toute la famille. C’était une très bonne cuisinière. Elle cuisinait avec les légumes du potager. L’été on passait nos soirées à cueillir les haricots verts, les framboises pendant que mes copines s’amusaient. Sur le moment c’était frustrant mais avec le recul c’est une chance. Elle m’a sensibilisée aux bons produits, à l’huile d’olive ce qui était une rareté en Alsace il y a 40 ans. Quand j’allais chez des copines, je me réjouissais de manger des tartines de saindoux avec du sel parce que c’était un produit que je ne mangeais pas chez nous. Mon grand-père et mon père m’ont sensibilisée au goût du bon vin et des bonnes choses qui ont du goût, sans que ce soit des produits chers.
Quel est le plat de votre enfance ?
La tarte à l’oignon et la pissaladière sans œufs et sans lait de ma grand-mère. C’est simple et rapide à faire et tellement bon.
Avez-vous appris la cuisine à vos fils ?
Oui, Paul l’aîné a fait Ferrandi, il cuisine très très bien, et le second a fait Sciences Po mais rêve de faire du vin.
Plutôt menus de la semaine ou freestyle ?
Freestyle total même quand ma famille arrive pour quelques jours.


Les idées repas d’Isabelle Sipp

- Caponata
- Tomates et poivrons farcis au végétal
- Velouté de courge
- Betterave ou céleri en croûte de sel
- Salade d’oranges et fenouil râpé
- Œufs à la coque
- Tarte aux tomates
Notes
Où et quand faites-vous vos courses ?
Jamais dans les hyper ou super marchés, il y a trop de produits. Je préfère aller au marché tôt le matin, ou auprès des producteurs. Si j’ai des restes je fais des mélanges, de nouvelles recettes, je ne jette jamais mais ça ne me gêne pas de manger plusieurs fois de suite la même chose. Je n’ai pas besoin de manger de plats compliqués, trop sophistiqués, j’aime bien comprendre ce que je mange.
Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…
Par goût, je mange très peu de viande, peu de lait de vache, peu de crème. Je privilégie les laitages et fromages de brebis et de chèvre.
Que trouve-t-on toujours dans votre cuisine ?
Dans mon placard : gressins au beurre, crackers aux graines que je fais avec mon levain, vin, ça me rassure, si 10 personnes débarquent à l’improviste, de savoir que je peux improviser un apéro. Citrons, vinaigres aromatisés avec des plantes fraîches comme le serpolet, le sureau, huile d’olive, œufs, sauce soja, gingembre frais.
Dans ma cour : des herbes aromatiques fraîches.
Dans mon frigo : 3 levains naturels ( j’ai commencé à faire du pain maison pendant le premier confinement, depuis j’ai suivi une formation avec Roland Feuillas ).
Dans le congélateur : du pain de Laurent L’Hénaff boulanger à La Couarde qui ne travaille qu’avec des levains naturels, des farines bios locales de blés anciens.
Que faites-vous quand vous n’avez pas envie de cuisiner ?
Je vais manger des huîtres à la Cabanajam de Saint Martin en Ré ou à la cabane du Feneau à La Couarde.


Êtes-vous accro à la vaisselle ou au linge de table ?
J’ai une passion pour la céramique japonaise, pour les assiettes noires qui mettent en valeur les légumes, pour les plats en bois et laque japonaise de l’artiste Ryuji Mitani dont les créations paraissent précieuses mais sont en réalité pensées pour être utilisées avec des aliments froids comme chauds. En ce qui concerne le linge de maison, j’aime l’épure du lin lavé uni, les couleurs chaudes comme le moutarde, le kaki, brique, des coloris qui s’accordent avec le bois et la vaisselle noire.



Quelles sont vos adresses gourmandes ?
Les Vergers de Sainte Marie, 53 route du Bois Plage à Sainte-Marie-de-Ré.
La Ferme des Producteurs Ré-Unis, chemin des Guignardes, Le Bois-Plage-en-Ré.
Fish n’Surf, poissonnerie 13 rue du marché à La Flotte.
Le Pain Laurent L’Hénaff, 21 D avenue Le Mail à La Couarde-sur-Mer.
Interview et photos : Karine Couëdel
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