Adèle Bréau, romancière et journaliste free lance. Maman de Tao 10 ans et Kim 6 ans.
Ouvrir un roman d’Adèle Bréau c’est plonger dans un page turner. Dans un univers dans lequel on se sent bien, avec des personnages que l’on n’a pas envie de quitter. Journaliste de presse féminine, Adèle écrit son premier roman pendant son second congé maternité. Cet été elle a publié Frangines, son cinquième roman, sélectionné pour le Prix du roman qui fait du bien. Chez In Kitchen With on avait très envie de rencontrer cet auteur qu’on adore et quand elle nous a répondu qu’une interview cuisine ça tombait bien parce qu’elle adore manger ET faire à manger, on s’est dit que parfois les planètes sont bien alignées.
Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…
La pièce : spacieuse – familiale – lumineuse
Dans l’assiette : 100% asiatique – copieuse – parfumée
Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?
On a eu la chance il y a quelques temps de pouvoir acheter l’appartement qui jouxtait le nôtre. On a donc remanié l’espace et fait une grande cuisine. J’ai toujours rêvé de pouvoir cuisiner tout en discutant avec mes enfants ou mes invités. Ici on a pu installer une grande table. Le point de départ était qu’on voulait un îlot central et tout s’est fait autour de cet impératif. On souhaitait aussi plusieurs plans de travail parce qu’avec Guillaume on cuisine presque quotidiennement à deux mais de façon « exaspérée » de mon côté ; on n’a pas la même vision du rangement. Ici on peut cuisiner ensemble sans avoir envie de tuer l’autre… On a exposé nos envie à une amie architecte et le résultat est aux-delà de mes espérances.
Avec les enfants on passe notre temps dans la cuisine et à l’usage elle est vraiment super pratique à part peut-être le four qui est en dessous du plan de travail et je crois que c’est plus pratique quand le four est à hauteur mais ça reste un détail. Dans un monde idéal j’aurais un congélateur immense à part.
Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont tu ne peux te passer ?
Le rice cooker. Guillaume est franco-cambodgien, il m’a initiée à la cuisine asiatique.
Que manque-t-il dans ta cuisine ?
Une machine à café parce que je me suis prise de passion pour le latte art. J’adore le café et le café servi avec le dessin de la feuille et comme ça m’énervait de ne pas savoir le faire j’ai regardé plein de tutos sur internet. Maintenant je maîtrise. Donc il me faut remplacer ma vieille machine par un modèle un cran au-dessus mais ça coûte une fortune colossale.
Qui cuisine et quand ?
On cuisine tous les deux. En semaine les enfants mangent avant nous à 19h30. Quand ils sont couchés on prépare ensemble notre repas. A partir du vendredi soir on dîne en famille.
Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?
Les petits baos d’Adèle Bréau
Ingrédients
Pour la pâte
- 120g de farine T65
- 4 c à café de sucre
- 1 pincée de sel
- 1 c à café de levure boulangère
- 60g d’eau tiède
Pour la farce
- 150g d’échine de porc hâché
- 1 pousse de ciboule thaï
- 15g de gingembre hâché
- 1 pincée de sel
- 1 pincée de poivre blanc moulu
- 1,5 c à soupe de vin de Shaoxing
- 1,5 c à soupe de sauce soja light
- 1/2 c à soupe d’huile de sésame
Instructions
Pour la pâte
1 / Dans un bol mélanger la levure et l’eau tiède et laisser reposer 5mn
2/ Dans un pétrin, mélanger la farine, le sucre, le sel et le mélange eau-levure
3/ Pétrir à 2 vitesses ( 1 et 2 ) pendant 4mn pour chaque vitesse. Si pas de robot, pétrir à la main. Laisser reposer à température 20-25 degrés pendant 1 heure
Pour la farce
1/ Découper la ciboule thaï en fines lamelles
2 / Râper le gingembre ( sans la peau )
3/ Dans un bol mélanger le porc, le sel, le poivre, les sauces, la ciboule, le gingembre et en faire une farce compacte
Former les baos
1/ Faire des boules de pâte de 30g, y ajouter 25g de farce et plier
2 / Laisser reposer 15mn puis cuire les baos 10mn dans un panier vapeur
Notes
Servir avec quelques morceaux de ciboule ciselée.
Plutôt menus de la semaine ou free style ?
Totalement free style ! Tous les trucs « prévus » dans la vie me font froid dans le dos et m’oppressent. Mais pour In Kitchen With j’ai dressé une liste de ce qu’on mange souvent.
Les idées repas d’Adèle Bréau
Lundi : pour les enfants steaks hachés ou pavés de saumon – brocolis pimpés à la sauce soja-beurre 1/2 sel
pour les parents : salade de fenouil assaisonnée d’un mélange huile d’olive-sauce soja ou quand c’est la saison melon- oeufs mollets.
Je ne sais pas pourquoi mais je pense que le lundi on doit expier les excès du week-end… donc c’est repas léger.
Mardi : chou farci. Sur le papier ça fait pas rêver mais en vrai tout le monde aime. Pour la farce c’est franchouillard : 500gr de chair à saucisses et un peu de poitrine fumée coupée en morceaux + 2 oeufs + pain de mie ou brioche trempés dans du lait + ail + oignon + une partie du centre du chou.
Je cuits le chou deux heures dans une cocotte en fonte dans laquelle je fais revenir oignon -ail – carottes + chou et bouillon Knorr. Et ensuite au four à 180° pour qu’il soit fondant et que ça caramélise pendant deux heures encore.
Mercredi : poulet au gingembre d’après une recette trouvée sur le blog Hervé Cuisine – riz
Jeudi : 1 semaine sur deux c’est soit pâtes bolognaise ou au beurre, soit artichauts rôtis. Les artichauts rôtis c’est une recette que j’ai trouvée dans le ELLE. Il faut couper la tête et la queue des artichauts et les faire bouillir 20mn avec du thym et du laurier. Puis les égoutter et les mettre dans un plat qui va au four en les recouvrant d’huile d’olive, de thym et de laurier et faire rôtir 25mn. Déglacer avec huile d’olive et citron. Les enfants adorent. On accompagne de ce qu’il y a : charcuterie, viande ou un reste.
Vendredi : gyoza – riz devant Koh Lanta
Samedi : resto
Dimanche : boeuf mariné à la citronnelle sauté cinq minutes au wok – riz avec des pousses de soja revenues à feu doux
Notes
Où et quand fais-tu tes courses ?
Le dimanche matin chez Paris Store. Le reste dans mon quartier.
Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…
Rien du tout. On est ancien monde à fond la caisse. On est juste apéro, ma journée de base est tournée vers « ah enfin 19h on va pouvoir s’amuser ». C’est un moment convivial et familial qu’on partage avec les enfants à partir du vendredi. Pour moi un bon apéro c’est vin blanc sec avec du saucisson et du fenouil parce qu’il faut mériter les choses. J’ai renoué cet été avec le gin tonic, madeleine de Proust totale. Pour les enfants on a longtemps été anti-soda et plutôt limonade ou sirop de grenadine mais après le confinement on a un peu ouvert les vannes.
Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine ?
Dans le congélo : des trucs de chez Picard qu’on appelle des « c’que » parce que quand mon fils était petit il appelait ça des vapeurs et ensuite ma mère disait « comment s’appelle les trucs que Tao appelle des vapeurs » et Tao nous disait « les trucs que mamie dit : c’que j’appelle des vapeurs » et donc maintenant on appelle ça des « c’que ». En réalité ce sont des bouchées thaïlandaises qu’on met au four et qui sont succulentes.
Toujours dans le congélo : citronnelle – feuilles de ravioli – feuilles de gyoza – viande – et « indispensable » de la vodka !
Dans le placard : riz – huile de sésame – sauce d’huître – sauce soja – sauce sriracha – levure de boulanger – pâtes – asperges en bocal – farine – beurre salé.
En résumé on a toujours les cinq produits de base qui permettent de cuisiner asiatique en toute facilité. Quand j’ai découvert qu’avec ces produits là on pouvait cuisiner tout ce qu’on mange au resto avec le même goût, j’étais bluffée.
Qui t’a donné le goût de la cuisine ?
Ma mère qui pense aux repas des vacances de Noël à partir du mois de novembre. Elle nous envoie même à ma ma soeur et moi la liste des repas qu’elle a prévus. Enfant j’occupais l’immense après-midi d’ennui des mercredis dont je parle dans L’odeur de la colle en pot en faisant de la pâtisserie. J’avais un livre qui s’appelait « faire de la pâtisserie seule sans les parents », c’étaient que des recettes qui n’allaient pas au four mais je trouvais ça super de pouvoir pâtisser toute seule ; il y avait un sentiment de liberté et l’impression d’être très grande de pouvoir faire tout ça.
Quand on était ado elle cuisinait le dimanche pour une bonne partie de la semaine : navarin, tomates farcies etc. Bref on était habituées à très bien manger. Ce n’est pas un hasard si je suis tombée amoureuse de quelqu’un pour qui la bonne bouffe est une obsession. Le samedi matin au réveil Guillaume me demande déjà si ça m’irait d’aller tester un nouveau resto.
Où trouves-tu de nouvelles recettes ?
Instagram mais je ne suis pas du ordonnée pour archiver les captures d’écran, du coup après je mets cent ans à les retrouver en faisant travailler ma mémoire…
Les fiches recettes du ELLE que j’aimante sur notre frigo, au moins celles-là je les retrouve facilement. En revanche je n’achète jamais de magazines culinaires et très peu de livres de recettes ; je trouve jamais ça très tentant. Jamie Oliver je lis ses livres, je trouve ça génial mais au final ça prend des heures à faire. Pareil pour les livres d’Ottolenghi, je n’en garde qu’un souvenir de grande difficulté.
Quel menu pour oublier le blues du dimanche soir ?
Le boeuf du dimanche soir. Un plat asiatique forcément.
Tu apprends la cuisine à tes enfants ?
Oui et c’est d’autant plus facile dans cette cuisine où je peux supporter qu’ile en mettent partout.
Qu’as-tu le plus cuisiné pendant le premier confinement ?
De la brioche. Je me suis prise de passion pour cette pâte qui lève ; ça me bouleverse. Désormais on m’appelle « Adèle brioche ». J’en ai même fait en vacances cet été.
Es-tu accro à la vaisselle ou au linge de table ?
Je ne suis pas du tout linge de maison. Vaisselle oui mais toujours complètement désassortie. Quand je vois de la vaisselle qui me plait j’achète 2 ou 4 pièces et finalement j’aime bien ce joyeux bazar. Comme on mange asiatique j’ai des amies qui m’ont offert des bols de chez Jars, je suis ravie.
Quelles sont tes adresses gourmandes ?
On en a plein parce que notre kiff avec Guillaume et les enfants c’est de tester de nouvelles tables le samedi et le dimanche midi. En bons parisiens qui quittent rarement Paris le week-end, on a habitué les enfants très petits à manger au resto avec nous. On les repère sur Très Très Bon le magazine culinaire de Paris Première. Mais c’est comme pour les recettes, on oublie tout le temps de noter donc quand arrive le week-end on n’a plus d’idées…
Yansai, 47 rue des Moines Paris 17ème, près de chez moi aux Batignolles. Un très bon asiatique
New Hoa Khoan, 15 avenue de Choisy Paris 13ème : LE resto d’enfance de Guillaume. Il n’y a que des habitués. C’est bon et pas cher.
Paris Store, 44 avenue d’Ivry Paris 13ème : pour les courses de produits asiatiques. Notamment le riz gluant avec lequel je fais du riz coco à la mangue.
La pâtisserie Cyril Lignac, 9 rue Bayen Paris 17eme. J’y fait le plein de viennoiseries.
La Maison Castro, 47 rue des Moines Paris 17ème : pour le meilleur saucisson espagnol de paris, le Fayet. Et ils vendent de très bonnes olives, des tapenades d’artichauts. Le midi ils font des sandwichs avec leurs produits c’est hyper bon.
Mr. T, 38 rue de Saintonge Paris 3ème : un nouveau restaurant qui propose notamment un très bon kebab revisité. C’est une des très bonnes tables du moment.
Imperial Choisy, 32 avenue de Choisy Paris 13ème : un des restaurants préférés de Tao.
Melt Batignolles, 83 rue Legendre Paris 17ème : pour les viandes grillées, l’ambiance resto américain. Kim mon fils adore leur gâteau de maïs
Interview et photos : Karine Couëdel
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