Lucille, consultante beauté. Maman de Théophile 15 ans et Domitille 11 ans. Mariée à Charles. Scarlett, la chienne. Milou, le chat.
Lucille et sa famille ont quitté le haut marais parisien pour la campagne angevine. Située à un vol d’oiseau de la gare d’Angers, leur gentilhommière nichée au milieu d’un jardin arboré est dotée d’une cuisine de campagne qui vit au rythme des saisons. Lucille m’a accueillie un jour d’été. Protégées de la chaleur par les pierres anciennes, Lucille m’a confié ce que la vie à la campagne a changé dans son quotidien et dans sa façon de cuisiner.



Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…
Dans l’assiette : généreuse – familiale – gourmande
La pièce : lieu de vie – rustique – pratique
Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?
Étonnamment cette grande maison, n’avait pas vraiment de cuisine. Elle était habitée par une dame âgée qui n’aimait pas cuisiner donc la pièce se résumait à un point d’eau, un mini-four et un mini-frigo. C’était donc une page blanche. Mon envie était de créer une cuisine qui donne l’impression d’avoir toujours existé. Pour cela, on a utilisé des matériaux anciens ou traditionnels comme la chaux, du marbre pour apporter de la lumière, conservé les tommettes d’origine au sol et la cheminée qui était condamnée. Le mot d’ordre que j’ai donné aux artisans était d’assumer les imperfections. Je n’ai pas souhaité de meubles en hauteur, de plan de travail, c’est la table à manger ancienne qui rempli ce rôle. C’est donc une pièce au mobilier épuré, le seul cadeau que je me suis fait c’est un piano Lacanche, mon rêve depuis toujours, que j’ai fait installer dans l’ancienne cheminée.
Cette pièce est un joyeux bazar au quotidien. On y prend nos repas en automne et en hiver même si on a une salle à manger.
J’aime que la cuisine soit un lieu de vie et celle-ci vit au rythme des saisons, ce qui change de notre ancienne vie parisienne.
Que manque-t-il dans ta cuisine ?
Un point d’eau juste à portée du piano comme dans les cuisines américaines. J’ai donc toujours une carafe d’eau à portée de main quand je cuisine.
Qui cuisine et quand ?
Moi. La cuisine, c’est mon territoire et je suis un peu rigide dans ce domaine, je n’aime pas le partager. J’aime avoir la main sur les courses et les préparatifs. Quand on vivait à Paris, je cuisinais déjà beaucoup, je peux passer deux heures en cuisine avec plaisir surtout parce que j’adore manger, je pense que c’est ça le moteur.
Comment tu t’organises pour les courses ?
Je fais un plein épicerie sèche au drive via une application. J’ai une liste de produits habituels, c’est fait en 5 minutes. Et on a la chance d’avoir à côté de chez nous des petits supermarchés qui vendent des produits locaux pour le frais.
Plutôt menus de la semaine ou free style ?
Je ne fais pas de liste de repas pour la semaine, les envies viennent quand je fais le marché. Où que j’aille, pour moi le marché c’est vraiment le kiff. Les rencontres qu’on y fait avec les producteurs, les produits de saison. Ici, ce sont eux qui impulsent les idées pour cuisiner. Chaque saison apporte son lot de joies et de surprises. J’aime tellement ça que j’ai créé un potager dans notre jardin : tomates, courgettes, aubergines, oignons, gingembre, artichauts, petits pois, haricots verts, pommes de terres, fraises, framboises, cassis. Tout ne pousse pas facilement, le potager ça apprend l’humilité. Et on a des fruitiers qui étaient déjà là – pruniers, figuiers, pêchers – qui eux sont très productifs. Je fais des donc des bocaux, des tartes, et je donne beaucoup aux voisins.
Quel est votre repas rituel ?
L’apéro dînatoire du samedi soir. Je prépare plein de petits trucs à manger, chacun est libre de manger ce qu’il veut, ça allège beaucoup la pression des repas en famille je trouve.

Les aubergines confites à la sauce tahini de Lucille Gauthier-Braud
Ingrédients
- 2 belles aubergines (sans graine)
- 2 càs de tahini (pâte de sésame)
- Le jus d’un demi citron
- Huile d’olive
- Sel
- Poivre
Instructions
- Préchauffer le four à 230°C
- Couper les aubergines dans le sens de la longueur, retirer les graines, faire des entailles, saler puis badigeonner d’huile d’olive.
- Enfourner pendant 45min, en les retournant au bout de 20mn, puis une dernière fois 10 min avant la fin de cuisson.
- Préparer la sauce :
- Délayer 2 càs de tahini dans un tout petit peu d’eau chaude avec du sel. Ajouter l’eau suivant la consistance désirée. Ajouter ensuite le jus de citron.
Notes
A servir avec une salade d’herbes, de pâtes ou des blancs de poulet.
Carry de légumes de Lucille Gauthier-Braud
Ingrédients
- 2 beaux oignons jaunes
- 2 gousses d’ail
- 2 courgettes
- 4 carottes
- 2 pommes de terre
- 1 grand verre de lentilles corail
- Purée de piment – dose selon l’envie
- Poudre de curry
- Gingembre frais
- Coriandre si on aime
- Menthe fraîche
Instructions
- Dans un grand faitout, faire revenir le poulet coupé en morceaux dans un mélange huile et beurre. Réserver.
- Dans le même faitout, faire revenir les oignons, puis les carottes et les courgettes.
- Ajouter l’ail pressé, le piment, le gingembre rapé, le curry.
- Recouvrir d’eau et laisser mijoter.
- Ajouter ensuite les pommes de terre puis les lentilles corail (rincées).
- Laisser mijoter 10/15min.
Notes
Pour les palais sensibles, accompagner d’une sauce crème + coriandre + menthe fraîche.
Servir avec du riz basmati et des naans.

Les idées repas de Lucille Gauthier-Braud
PRINTEMPS – ETE
- Salade de fenouil – citron – timut
- Aubergines confites – sauce tahini
- Pâtes aux poivrons et encornets
- Pâtes aux petits pois – crème – jambon – persil
- Poulet au curry
AUTOMNE – HIVER
- Palette confite aux légumes rôtis
- Curry de légumes
- Dahl de lentilles ou potée de lentilles
- Ramen
- Butter chicken
Notes
Que fais-tu quand tu n’as pas envie de cuisiner ?
Un plat de pâtes avec ce qui traîne dans le frigo. Ou je fais des sushis, j’ai pris des cours et contrairement aux idées reçues, faire des sushis, c’est très facile et rapide et tu peux faire un grand plat version hando rolls, chacun met ce qu’il veut dedans. Sinon, une bonne purée de pommes de terre maison, c’est certainement mon plat préféré ! Ma grand-mère en faisait une très bonne. Je la fais avec un moulin à l’ancienne et beaucoup de beurre, c’est le secret d’une purée réussie.
Tu préfères cuisiner le salé ou le sucré ?
Le salé, même si je prends plaisir à faire des gâteaux simples pour mes enfants. Leur préféré : le gâteau nantais aux petits LU. Hyper facile à faire : une plaquette de chocolat fondu avec 100g de beurre, du lait concentré sucré, des petits LU écrasés grossièrement, on mélange le tout, on met au frais et c’est tout. Les enfants adorent, forcément, c’est hyper sucré.
Qui t’a donné le goût de la cuisine ?
J’ai grandi avec une maman qui cuisinait très bien et beaucoup. Le week-end, dès le petit déjeuner, il y avait un plat qui mijotait pour le déjeuner. Elle m’a appris à cuisiner par le biais de la pâtisserie. Pour le salé, il y a eu une transmission plus ou moins consciente mais à 16 ans, j’avais déjà mon carnet avec mes recettes préférées.
Quel est le plat de ton enfance ?
Les courgettes farcies confites des heures au four. Mes parents m’en font encore pour mon anniversaire quand je vais manger chez eux.
Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont tu ne peux te passer ?
De bons couteaux et une planche à découper. J’adore couper les légumes, c’est méditatif.
Le piano Lacanche, parce que c’était mon rêve depuis toujours. Il est équipé d’un four au gaz et d’un four électrique. L’idée d’avoir deux cuissons différentes pour les fours permet de pâtisser et cuisiner en même temps. J’adore recevoir et cuisiner des plats qui mijotent, et ce piano, c’est une Rolls pour cuisiner. L’objet est beau mais surtout il est très pratique, il y’a de l’espace pour cuisiner et faire cuire plusieurs plats en même temps.


Tu reçois souvent ?
J’adore recevoir et cuisiner pour mes amis. Il m’arrive même d’être invitée chez des amis qui n’aiment pas cuisiner et de préparer le repas à leur place !
Vegan ? Locavore ? bio ? sans gluten ?…
Local avant tout et cultivé sans pesticide, c’est un sujet de santé qui me tient vraiment à cœur. Ici, on a la chance de pouvoir acheter directement aux producteurs et de discuter avec eux donc s’ils me disent qu’ils cultivent sans pesticides, je leur fais confiance.
Pour ce qui est des régimes alimentaires, notre fille souffre de phobie alimentaire, elle ne mange aucun fruit et aucun légumes, on fait donc dans la flexibilité. Selon les plats que j’ai prévu de cuisiner, c’est un challenge dans l’organisation, je peux faire deux repas pour le même soir. Quant à moi, j’ai quelques no go : le veau, le lapin, l’agneau. Je ne suis pas végétarienne mais les bébés animaux, je ne peux pas. Et j’ai une phobie de tous les fromages donc je sais à quel point c’est difficile socialement de vivre avec ces phobies.
Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine ?
Dans mon congélo : je congèle beaucoup les bases toute l’année, les saint jacques quand c’est la saison, des viandes, des prunes, des sauces tomates maison, des confitures.
Où trouves-tu de nouvelles recettes ?
Je cuisine de manière très instinctive. J’adore les livres de cuisine pour m’inspirer mais je ne suis jamais les recettes à la lettre, je fais toujours à ma sauce.




Es-tu accro à la vaisselle ou au linge de table ?
Depuis que je suis ado je collectionne le linge ancien, je peux recevoir 100 personnes sans problème ! Une belle nappe blanche brodée et de belles serviettes anciennes, je trouve qu’il n’y a rien de mieux pour une table sublime. J’ai de l’argenterie ancienne chinée quand j’étais étudiante. À l’époque personne n’en voulait, ça ne coûtait rien. J’adore ce qui est ancien, les vieilles maisons, la vieille vaisselle, le vieux linge. J’aime les porte couteaux, mettre quatre verres, plusieurs fourchettes, accessoiriser la table. Quand je reçois des amis qui sont sensible à tout ça, je me fais plaisir. Je repasse la nappe sur la table, je soigne tout dans les moindres détails.

Quelles sont tes adresses gourmandes ?
À PARIS
Épices Roellinger, 51 bis rue Sainte Anne Paris 2ème. Pour faire un plein d’épices.
Irasshai, 40 rue du Louvre Paris 2ème. Une épicerie japonaise à la déco très épurée.
Kioko, 46 rue des Petits Champs Paris 2ème.
La Grande Épicerie du Bon Marché, pour l’huile d’olive, les produits secs, les sauces qu’on ne trouve pas ailleurs.
G Detou, 58 rue Tiquetonne Paris 2ème. Une épicerie incontournable.
Mamiche, je ramène des cookies pour les enfants. Ce sont ceux de leur petite enfance parisienne, ils sont nostalgiques.
Mmmozza, 57 rue de Bretagne Paris 3ème. Pour la qualité des mozzarellas et burrattas qui y sont proposées même si je n’en mange pas. Je ramène un kilo à chaque fois
Takara, 14 rue Molière Paris 1er. Un très bon japonais raffiné.
Chez Taeko, au marché des Enfants Rouges 37 rue Charlot Paris 3ème.
Kunitoraya, 1 rue Villedo Paris 1er. Pour les ramen, tellement bons.
Le Baratin, 3 rue Jouye-Rouve Paris 20ème. Un bistro qui ne paie pas de mine mais où la cheffe Raquel Carena sert une cuisine pleine d’amour. La première fois que j’y suis allée il y avait une table avec Jean-Pierre Coffe et d’autres critiques culinaires qui se faisaient un gueuleton, une valeur sûre donc.
À ANGERS
Epicerie Racynes, 22 rue Saint-Julien à Angers. Une épicerie locale avec une sélection de produits de bonne qualité.
J.A Gastronomie, 6 Rue du Paon, 49124 Saint-Barthélemy-d’Anjou pour les très bonnes viandes.
Atelier Létanduère, 15 Rue de Létanduère, 49000 Angers. Une boulangerie créée par une ancienne étudiante japonaise. L’équipe y est 100% féminine et le pain délicieux, on y trouve aussi des spécialités nippones.
Boulangerie des Carmes, 21 Bd Henri Arnauld, 49100 Angers. Le New York Times a écrit dans ses colonnes que leur brioche était la meilleure du monde !
Gribiche, 9 rue Max Richard. Classé parmi les meilleur bistrots où boire du vin en France.
Artisan passionné, pour les cours de pâtisserie. C’est là que j’ai appris à faire le Paris Brest mais c’est tellement dur que je n’en fais jamais, ça demande trop de patience, de précision.
Interview et photos : Karine Couëdel

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