Isabella Capece Galeota , fondatrice de Maisie Café
Isabella est italienne et vit à Paris depuis vingt ans. Venue en France pour ses études de stylisme, de fil en aiguille et de rencontres en rencontres, elle s’y installe et évolue dans la mode et la communication de grandes maisons. Aujourd’hui directrice de la communication de Berluti, elle est aussi co-fondatrice de la cantine healthy, adresse incontournable du monde de la mode parisienne : Maisie Café.
Alors que Maisie Café s’agrandit en ouvrant une deuxième adresse aux Galeries Lafayettes des Champs-Elysées, Isabella nous a ouvert les portes de sa cuisine personnelle, en plein coeur de Paris. Ce matin-là le soleil était au rendez-vous, le chat se prélassait, la tisane infusait. On a parlé yoga, alimentation, bienfaits de la sieste, on a pris le temps, écouté de la bonne musique et on se sentait bien.
Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…
Encombrée – rouge – vivante
Bio – saine – gourmande
Une cuisine qui s’adapte à un couple dont l’un est vegan et l’autre flexitarien.
Comment est née l’envie de créer Maisie Café ?
Maisie est né de mon évolution alimentaire. Il y a dix ans j’ai débuté la pratique du yoga. Les rencontres avec les autres pratiquants m’ont ouvert à d’autres modes d’alimentation. J’ai déroulé ce fil là par curiosité tout d’abord et puis ça correspondait à une envie et un besoin à ce moment là, qui était une période de ma vie que j’appelle maintenant « l’époque fast and furious » parce que mon job était génial, bourré de shots d’adrénaline mais on était tout le temps en quête du truc d’après et je me suis rendue compte qu’il fallait que je me pose pour trouver un équilibre personnel et professionnel. De plus, mon corps me faisait sentir qu’il était fatigué.
Mon métier me faisait beaucoup voyager, je voyais des choses qui n’existait pas alors à Paris comme les jus de légumes pressés à froid, cette idée qu’on n’est pas obligé de se gaver de nourriture toute la journée pour avoir un bon niveau d’énergie bien au contraire et qu’il n’y a pas de vérité, que ce qui est bon pour moi ne l’est pas forcément pour quelqu’un d’autre. J’ai commencé à m’écouter et j’ai rencontré au même moment une étiopathe à qui j’ai dit que j’avais tout le temps froid. Elle a identifié ça comme une conséquence du jet lag qui agissait de façon négative sur le foie et la vésicule biliaire, les intestins. Et pour elle, le coeur du problème venait du sucre que je consommais essentiellement en mangeant des pâtes, plat réconfortant par excellence ( merci l’héritage des origines italiennes 🙂 ). On a revu mon alimentation sous ce prisme-là en enlevant d’abord plein de choses, en faisant attention aux « fodmaps » ces sucres naturellement présents dans certains aliments et susceptibles de ne pas me convenir, en faisant un jeûne de quatre jours et en réintroduisant des aliments peu à peu. Elle m’a aussi fait prendre conscience du fait que notre corps a beaucoup de réserves et que lorsque on a une envie de manger, elle ne répond pas toujours à un vrai besoin mais souvent à une réaction nerveuse. Une fois que tout ça a été compris, on a fait des analyses de sang, et on a adapté mon alimentation pour combler mes carences ( vitamine D, fer essentiellement ), très vite j’ai senti une différence.
La viande dont je n’étais pas très fan est sortie de mon alimentation assez vite, tout en faisant attention à mes compositions végétales pour ne pas être carencée. Ce qui s’est fait facilement, même si je vis avec quelqu’un qui n’est ni végétarien ni vegan. Et puis j’ai commencé à m’intéresser très vite au manque de transparence sur la composition des plats dans les restaurants que je fréquentais. Par exemple, un jour je commande une soupe de maïs mais on me sert une soupe tellement bourrée de crème fraîche qu’on ne sentait pas le goût du maïs ! J’ai pris conscience que les restaurateurs masquent le goût de leur plat car le produit de base n’est pas de bonne qualité donc n’a pas de saveur. Petit à petit j’ai commencé à cuisiner des plats que j’apportais au bureau ; comme du granola qui cuisait au déshydrateur alimentaire en plein milieu du salon. Et là mon mari m’a dit « il va nous falloir un lieu pour ta cuisine du dimanche ». C’est ce local rue du Mont Thabor qui est devenu Maisie Café et qui a sauvé notre quotidien à la maison !
Maisie café c’est donc le résultat de tout ça. Une alimentation simple, gourmande, à partir d’ingrédients bio et le plus possible de saison. Le tout pimpé avec des épices et des assaisonnements.
Comment gères-tu ton « régime alimentaire » et tes obligations sociales ?
Ma « croyance » c’est qu’il ne faut pas que notre alimentation quelle qu’elle soit soit une aliénation sociale. Quand on m’invite à dîner je m’adapte, je ne demande surtout pas à la maîtresse de maison de préparer un plat spécialement pour moi. Avec une côte de boeuf par exemple il y a toujours un accompagnement qui va me convenir comme des pommes de terre. Je n’ai pas envie d’attirer l’attention sur mon mode de vie.
Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?
Xavier habitait déjà dans cet appartement. Je suis arrivée il y a quinze ans, je n’ai pas refait grand-chose mais on avait envie de couleur sur les murs, d’où le rouge.
Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont tu ne peux te passer ?
Le robot culinaire et le Vitamix avec lequel je fais tout mes houmous, mes smoothies, mes laits végétaux, mes energy bowls.
Que manque-t-il dans ta cuisine ?
Un four à vapeur.
Qui cuisine et quand ?
Xavier cuisine beaucoup avec moi, surtout le dimanche, je suis devenue une adepte du batch cooking qui permet de prendre de l’avance et de faire des réserves pour la semaine. Au printemps quand les soirées s’étirent on prend le temps de cuisiner le soir.
Les idées repas d’Isabella Capece Galeota
- Taboulé à la semoule de maïs ou au boulghour
- Houmous de pois chiches et caviar d’aubergines
- Falafels servis avec du riz rouge sauté
- Soupes froides : concombre, tomates, poivrons, lentilles
- Sobas servis avec des courgettes, de la pâte miso, des haricots azuki, ru riz rouge de Camargue
- Salade de lentilles agrémentée de vinaigre de vin, de ciboule, oignons et gingembre frais râpé
Notes
Plutôt menus de la semaine ou free style ?
On ne fait pas des listes mais on voit au premier coup d’oeil ce qui nous manque pour cuisiner.
Où et quand fais-tu tes courses ?
Le week-end au marché, même l’hiver quand ça demande un petit effort. Soit je vais au marché des Batignolles, soit rue de Lévis.
Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine ?
Du parmesan pour son côté salé, des sobas ( nouilles de sarrasin ) les japonais les mangent froides mais moi je les mangent chaudes, de l’huile d’olive, des épices : zaatar en tête, garam masala mélange d’épices indiennes, du gingembre frais. Des supers aliments ( graines de chia, racines de maca, poudre de baobab, spiruline ), de la levure alimentaire que je saupoudre sur les plats, de l’ail j’en mets partout, un avocat même quand ce n’est pas de saison j’avoue, une infusion mélange réglisse-anis, du gomasio, des amandes et des noix de cajou, des lentilles, du persil, des pois chiches, des betteraves, des pousses d’épinard et du chou fermenté, des haricots azuki, du riz rouge de Camargue.
Dans le congélateur : des fruits rouges, des petits pois, du pain sans gluten, de la sauce tomate que je fais l’été.
Qui t’a donné le goût de la cuisine ?
Je viens d’une famille où cuisiner c’est naturel et ça va de soi. Où le surgelé n’existe pas. Dans les moeurs italiennes faire ses courses au marché, acheter des produits sains et à prix raisonnables c’est inné.
Ma grand-mère, ma mère, ma nounou cuisinaient et les discussions qu’on avait ensemble se passaient dans la cuisine.
Quand je suis arrivée à Paris, mes repères ont été bousculés. Je suis beaucoup allé au restaurant, j’achetais des plats tout faits chez Félix Potin car cette enseigne existait encore à l’époque. Bref je me nourrissais mal, très mal.
Où trouves-tu ton inspiration pour renouveler la carte de Maisie Café ?
Mon inspiration première vient de bouquins comme celui d’Ottolenghi. Plenty c’est mon livre de chevet parce que c’est une cuisine inspirante, pleine de saveurs.
Plutôt petit déj, brunch, déjeuner, apéro ou dîner ?
Plutôt le dîner car on prend le temps de se poser avec Xavier.
Es-tu accro à la vaisselle ou au linge de table ?
On aime que nos assiettes soient colorées donc chez nous elles sont chinées. Chez Maisie elles sont faites par Sabrina Binda qui est céramiste ; c’est une française qui vit en Grèce, sur une île balayée par le vent.
On aime aussi tout ce qui est de facture japonaise, comme les bols en bois.
Et bien sûr les verres de Murano.
Quelles sont tes adresses gourmandes ?
Mulko, restaurant d’inspiration israélienne, 29 rue d’Enghien 75010 Paris
Yen, pour les vrais sobas japonais, 22 rue Saint Benoît 75006 Paris
Miznon pour sa cuisine israélienne simple et saine, 22 rue des Ecouffes 75004 Paris
Chiche Paris une autre cantine israélienne, 29bis rue du Château d’eau 75010 Paris
Bodum pour les verres, ma passion
Et bien sûr,
Maisie Café
32 rue du Mont Thabor 75001 Paris
Galeries Lafayettes, 60 avenue des Champs-Elysées 75008 Paris
[…] des idées pour manger beau et bon : @maisiecafe j’ai d’ailleurs beaucoup aimé l’interview d’Isabella Capece sa co-fondatrice sur In Kitchen With, @lilibarbery, Gwyneth Paltrow sur @goop et j’aime […]