David von Grafenberg, écrivain.
David von Grafenberg est écrivain. Après Prostitué et Surveillant parus aux éditions Anne Carrière, il publie un très remarqué Madame de X chez Heloïse d’Ormesson. Ce roman est celui de l’épanouissement d’une femme, d’une mère, qui vient de passer le cap des quarante ans, a été quittée par son mari pour une femme plus jeune et trouve le courage de partir vivre une nouvelle vie en Italie. Roman délicatement bien écrit, Madame de X, se lit une première fois pour connaître le dénouement de l’intrigue puis une seconde, juste pour le plaisir de se laisser envelopper par son univers raffiné.
David von Grafenberg a écrit ce roman sur des carnets, dans son bistro de quartier. Celui où il descend tous les matins prendre son petit déjeuner. Mais pour In Kitchen With il a bien voulu ouvrir les portes de son refuge, sous les toits du 6ème arrondissement parisien, pour nous parler cuisine avec ce qui le caractérise : délicatesse et humour.
Peux-tu définir ta cuisine en 3 mots…
Années 80 pour la déco – pragmatique – transparente
Sympathique – simple – et avec du beurre c’est bien meilleur !
Comment as-tu pensé l’aménagement et la déco de ta cuisine ?
Je ne l’ai pas pensé du tout. Quand j’ai loué cet appartement il venait d’être entièrement refait sauf la cuisine et j’ai été prévenu que rien ne serait fait dans ce domaine. Les dimensions du frigo ne semblent plus être d’actualité donc, si il lâche, aucun frigo nouvelle génération ne passera dans son emplacement, et le carrelage mural comme on peut le voir est d’époque !
En matière de décoration j’ai longtemps été inculte. Ce sont mes amies Elli Medeiros et Emmanuelle Khahn qui m’ont guidé dans ce domaine.
Quel est l’ustensile ou l’appareil électro-ménager dont tu ne peux te passer ?
Une bouilloire car je fais des cafés blancs et des tisanes. Un grille-pain aussi
Qu’est-ce qu’on mange ?
Une salade de fenouil. Le fenouil cru, une de mes spécialités.
La salade de fenouil de David von Grafenberg
Ingrédients
1 fenouil
1 morceau de mimolette
Gomasio
Huile d’olive
Poivre
Aneth
Instructions
1 / Laver le fenouil
2 / Ôter sa première couche
3 / Couper le fenouil en gros dés. Idem avec la mimolette
4 / Dans une assiette creuse disposer le fenouil puis la mimolette
5 /Saupoudrer de gomasio et de poivre
6 / Arroser d’un filet d’huile d’olive
7 / Décorer de quelques brins d’aneth
Notes
Servir frais
Plutôt liste des repas de la semaine ou free style ?
Je fais un plein le samedi pour être débarrassé de tout ce souci car la semaine j’écris. La première des règles : je ne vais pas faire les courses juste après avoir mangé sinon je n’ai pas faim et je n’ai envie de rien. J’évite aussi l’inverse car faire ses courses en étant affamé c’est l’idéal pour acheter des choses dont on se demande ensuite si c’était vraiment nécessaire. J’aime que ce soit bon mais je n’ai pas envie de passer une éternité à faire la cuisine. Règle numéro 2 : je n’achète jamais de plats cuisinés. Je vais au Monoprix parce que c’est beau. Aller dans un supermarché où c’est moche ça me fout le cafard et comme je vis seul, c’est un luxe que je peux me permettre car il ne me faut que des petites quantités. Je vais aussi chez le poissonnier et le boucher de mon quartier, j’ai la farandole des choix ici.
Les idées repas de David von Grafenberg
Mozzarella – endives
Brocoli – féta
Salade d’endives – poulet grillé – raisins
Que trouve-t-on toujours dans ta cuisine
Gomasio – herbamare – compote de pomme Andros qui te sauve de toutes les situations – Coca zéro je sais que ce n’est pas bien, j’ai réussi à arrêter les chips mais le Coca pas encore – mozzarella – endives
Qui t’a donné le goût de la cuisine ?
Ma mère a toujours cuisiné sans graisse, elle nous a appris à cuire la viande sans huile. Mon père s’est remarié à une italienne donc j’ai le goût des bonnes pâtes et de la bonne cuisine, avec de belles sauces. Là-bas tout est tellement simple et très bon même dans une toute petite trattoria. Auprès de ma « fausse mère » j’ai chipé deux-trois idées par-ci par-là sur la façon d’arranger les choses comme des grenades dans des pâtes aux lardons ou au jambon fumé. En préparant cette interview, j’ai réalisé que je suis entouré de personnes qui m’ont donné le goût des bons aliments comme Emmanuelle Khahn qui était une amie et avec laquelle j’ai collaboré jusqu’à ce qu’elle nous quitte. Elle me faisait ce qu’elle appelait la « tambouille » et c’était toujours savoureux : frites, bon steak, dessert. Bon elle n’avait pas peur de l’huile elle… Mon amie Elli Medeiros qui est végétarienne depuis les années 70 m’a fait découvrir tout un tas d’ingrédients que je ne connaissais pas comme le gomasio, le tamari.
J’adore les gens qui font la cuisine, j’ai la chance d’être entouré de personnes qui font ça très bien dont une grand-mère adoptive qui toute sa vie durant a fait des tablées pour 15-20 personnes dans une toute petite cuisine standard. Je trouve ça extrêmement joyeux.
Quel est le plat de ton enfance ?
Récemment dans un supermarché j’ai vu un sachet de bouillon de poule avec des nouilles déshydratées. Je l’ai acheté en me disant « ça me sauvera une soirée ». Quand je l’ai fait chauffer, son odeur a réveillé un souvenir de la soupe maison que faisait ma grand-mère en Allemagne. J’ai même appelé ma soeur pour lui en parler !
Où trouves-tu de nouvelles recettes ?
Chez mes amis et surtout pas dans les magazines car c’est toujours très élaboré et je ne m’y reconnais pas. Ces recettes demandent toujours une pincée de « pitsicut » que tu ne sais pas où trouver et quand tu le trouves ça ne s’achète que par kilo. Vu la taille de ma cuisine, je ne peux pas avoir quantité d’ingrédients superflus. Et c’est pour tout pareil, les vêtements, les objets. J’aime qu’il y ait peu mais bien.
Un été on est parti avec Emmanuelle en vacances et une amie avait publié un livre genre « la cuisine pour les nuls » ou « mes 365 meilleures recettes », on l’a embarqué avec nous et on a dû l’ouvrir deux fois. Ces livres-là ce n’est pas pour moi. J’adorerais faire un bon riz au lait, j’ai essayé plusieurs fois en suivant des recettes trouvées sur internet. Et je touille et je touille et je goûte et je goûte, mais je trouve que ce n’est jamais réussi donc en fait : oublions les recettes. Mais je ne désespère pas un jour, j’aurais peut-être envie.
Si ton héroïne Madame de X était un plat, lequel serait-il ?
Ce serait une soirée sur un balcon en Toscane, où elle grignote les très grosses olives vertes de la région, du jambon cru coupé en petits copeaux, des morceaux de parmesan, le tout arrosé d’un verre de Prosecco.
Plutôt petit-déj, brunch, déjeuner, apéro ou dîner ?
Le petit-déjeuner au bistro le matin. Joao l patron me réserve toujours la même table et un pain au chocolat. Quand j’ouvre les yeux le matin ça me met en joie. Et si la journée a été galère, j’y pense le soir en me couchant ; ça me réconforte. C’est mon luxe à moi.
Quelles sont tes adresses gourmandes ?
Le Fleurus, 2 rue de Fleurus 75 006 Paris. Pour le déjeuner. C’est un bistro année 50 encore dans son jus. La carte est très sommaire mais c’est frais, c’est fait maison et c’est très bon. Avec un prix juste.
Le café de mars, 11 rue Augereau 75 007 Paris. Cuisine élaborée et belle atmosphère.
En Italie, une cantine populaire du genre un peu bruyante avec les enfants qui courent et qui jouent. Pas guindée.
Interview et photos : Karine Couëdel
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